Un marché de la piscine fort 
mais vulnérable

La canicule 2019 et la crise Covid ont créé un phénomène d’euphorie sur le secteur de la piscine. Toujours à flux tendu, les professionnels anticipent un exercice plus modéré, avec une vigilance certaine sur les conséquences du conflit en Ukraine.

Steve Henot

Le7.info

Après plus de trente ans dans la rue Eugène-Chevreul, Desjoyaux piscines a investi dans un bâtiment neuf, zone de la République à Poitiers-Nord. La concession gagne au passage en surface. « Cela nous permet d’élargir nos gammes et d’avoir une capacité de stockage étendue, concède David Chollet, co-gérant. C’est la preuve qu’on croit dans l’avenir. » Et l’entreprise aux 39 collaborateurs de prévoir l’embauche d’un commercial et d’un technicien dans les mois à venir.


A l’image de Desjoyaux, les professionnels de la piscine vivent une période « euphorique », entamée après la canicule à l’été 2019 et prolongée par la crise Covid. Le cap des 3 millions de bassins a été dépassé l’an dernier en France, il pourrait s’établir à 3,2 millions d’ici la fin de l’année. Au premier semestre 2021, le nombre de constructions a bondi de 52,5%, tandis que les ventes et le chiffre d’affaires ont affiché une hausse de 55%. Un phénomène qui s’est ressenti dans la Vienne. « Tout le monde est à fond de cale, observe David Chollet. Nos moyens de production sont quasiment à saturation. On a une capacité maximale de 
180 piscines, on en a réalisé 154 dans l’année. » Lui a vu son chiffre augmenter de 30% et le nombre de rendez-vous exploser, entre quinze et vingt par semaine contre trois en temps normal.


Les premiers mois de l’année laissent augurer d’un retour à une dynamique plus modérée. Car un élément reste prégnant en ce début d’année : la pénurie de matériaux. « J’avais fait beaucoup de pré-commandes l’an dernier, nous ne sommes donc pas en rupture pour le moment, assure Catherine Gasnier, gérante de Gasnier Piscines&Spas, à Mignaloux-Beauvoir. Mais il y en aura certainement. » Du côté de Desjoyaux piscines, on concède « des délais de production rallongés » mais pas de difficultés d’approvisionnement.


Et qui dit pénurie dit hausse des prix. « Une hausse à deux chiffres pour tous les matériaux, relève David Chollet. Cela se traduit entre +10 et +15% sur toute la piscine. » En vingt-quatre mois, un modèle 8x4m a pris par exemple entre 3 000 et 5 000€. Mais les piscinistes ne pourront pas répercuter cette augmentation indéfiniment sur leurs produits. « On a déjà un niveau de marge comprimé, qu’on ne peut faire absorber à nos clients. » Les récents événements à l’Est de l’Europe invitent à une certaine vigilance. « Ces aléas peuvent finir par contraindre notre marché, reconnaît David Chollet. Je ne sais pas jusqu’où ira la hausse du prix des matériaux. Mais la question du pouvoir d’achat est désormais évoquée à chacun de nos rendez-vous. »


DR - Desjoyaux 86

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