Un jeune avocat est chargé de défendre un homme ayant assassiné un industriel et ancien officier nazi. Adapté d’un roman de Ferdinand von Schirach, L’Affaire Collini illustre avec justesse le traumatisme de l’Allemagne face à son passé. Captivant.
Steve Henot
Le7.info
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Pour son premier procès pénal, Caspar Leinen est commis d’office dans ce qui semble être une banale affaire de meurtre. Il apprend que la victime est celui qui l’a élevé comme son propre fils, Hans Meyer, un puissant industriel allemand. Mutique depuis son arrestation, Fabrizio Collini, l’accusé, ne laisse rien deviner de ses motivations. Mais au fil du procès, le jeune avocat découvre les liens qui unissent la victime à son bourreau, mettant alors le doigt sur une profonde injustice héritée de l’histoire allemande.
Cette Affaire Collini est l’adaptation d’un roman de Ferdinand von Schirach, le petit-fils du dirigeant des jeunesses hitlériennes, Baldur von Schirach, condamné à vingt ans de prison lors du procès de Nuremberg. Interrogeant la justice d’après-Guerre envers les criminels nazis -un pan de l’histoire allemande relativement méconnu chez nous- cet ouvrage a eu l’effet d’une bombe lors de sa parution. Il n’a rien perdu de sa force évocatrice dans le film de Marco Kreuzpaintner. Le cinéaste en tire un thriller judiciaire efficace, où la tragédie côtoie la dimension historique. Très influencé par le cinéma américain, le film pêche par des ficelles, des effets de mise en scène parfois trop appuyés, là où le sujet demandait une certaine sobriété… Mais l’excellent casting donne du corps à cette enquête, qui happe le spectateur jusqu’à son dénouement. L’actualité récente donne à ce récit une résonnance toute particulière, alertant plus que jamais sur l’horreur de la guerre et l’impérieux devoir de justice dû aux victimes. Histoire d’épargner aux générations futures le traumatisme de l’échec et du manque de courage.
Drame de Marco Kreuzpaintner, avec Elyas M’Barek, Franco Nero, Alexandra Maria Lara (2h03).