Droits des femmes : 
« Rien n’est jamais acquis »

Samedi, le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) fête ses 40 ans, quatre décennies pendant lesquelles l’association n’a eu de cesse de défendre l’égalité et l’autonomie des femmes. Entretien avec sa présidente Annick Bouchaud.

Claire Brugier

Le7.info

Qu’est-ce qui a changé en quarante ans ?

« En 1982, à sa création, le CIDFF n’avait que le F de femmes, celui de familles a été ajouté par la suite. Yvette Roudy, ministre des Droits de la femme, avait alors attribué trois priorités à l’association : la lutte pour l’emploi et la formation, l’information et la conquête de nouveaux droits. Aujourd’hui, nous travaillons toujours sur l’emploi et l’accès aux droits mais la place des violences faites aux femmes -et pas uniquement les femmes battues !- est plus importante. Et la situation a été fortement aggravée par le confinement. En 2019, nous avions reçu 
80 femmes ; en 2021, 237 (ndlr, sur environ 3 000 femmes) dont 12% de personnes âgées ! Lors du déconfinement, nous avons dû recruter une deuxième psychologue… »

Comment le CIDFF accompagne-t-il les femmes ?

« Nous venons de renforcer notre équipe avec une deuxième juriste. Nous faisons beaucoup d’accompagnement individuel mais nous avons aujourd’hui la volonté d’aller davantage vers les femmes et d’étendre notre présence en milieu rural et dans les quartiers Politique de la Ville à travers des actions collectives, ateliers d’insertion, groupes de parole. Nous développons aussi la prévention des violences auprès des jeunes, nous en avons rencontré 670 en 2021. » 


Qu’en est-il du volet emploi ?

« Une femme sous-qualifiée en recherche d’emploi va, avant-même de penser projet, chercher à être opérationnelle au plus vite. Notre mission est d’élargir ses choix professionnels. Nous travaillons pour cela avec un réseau d’entrepreneurs, pour sensibiliser les femmes à des métiers vers lesquels elles ne se tournent pas naturellement et leur permettre de faire des stages en entreprise. Notre objectif n’est pas de leur trouver du travail dans le mois suivant. Il faut d’abord lever les freins, y compris dans la famille, travailler sur un projet, faire une formation… Cela prend du temps, il ne faut rien lâcher. »

Quels moyens avez-vous pour mener vos missions ?

« Nous fonctionnons avec un budget de 400 000€ et des subventions de l’Etat, la Région, le Département, Grand Poitiers, Grand Châtellerault, la Caisse d’allocations familiales, l’Agence régionale de santé et, depuis 2022, la Justice. Aujourd’hui, nous avons surtout besoin que les subventions soient pluriannuelles et globales. Cela nous faciliterait vraiment la tâche ! »

Plus largement, comment percevez-vous le féminisme aujourd’hui ?


« Nous sommes une association féministe, certes dans la revendication mais surtout dans l’action. Ma génération s’est battue pour la contraception, le droit à l’avortement, le travail des femmes… La remise en question du droit à l’avortement aux Etats-Unis nous rappelle que les choses restent fragiles. Cela me rend un peu triste de voir que rien n’est jamais acquis. La question des droits des femmes est plutôt du ressort de la fédération. Sur le terrain, nous essayons de faire changer les comportements dans la société, c’est ce qui entraînera le reste. Quand on voit qu’en 2014 a été votée une loi pour l’égalité 
« réelle »… »

40 ans du CIDFF, en partenariat avec l’Ufolep, samedi de 14h à 18h, au Bois de Saint-Pierre, accès libre (sans inscription, contrairement à ce qui avait été indiqué initialement).

 

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