Au Creps de Poitiers, le Pôle France de tennis a de la ressource

Il se dit que le tennis français va mal, entre une fin de cycle et une relève qui tarde. A qui la faute ? Dernier centre de formation en région, le Pôle France de Poitiers se donne les moyens pour façonner les champions et championnes de demain.

Steve Henot

Le7.info

C’est peu dire que ses déclarations ont « secoué le cocotier ». 
A l’issue d’un Roland-Garros où aucun Français ne s’est hissé au-delà du 3e tour, Nicolas Escudé a pointé du doigt l’état du tennis tricolore, chargeant tour à tour les joueurs et joueuses, mais aussi l’encadrement et la formation… « Tout le monde, du Directeur technique national à l’enseignant de club, doit comprendre pourquoi on en est là aujourd’hui. Et tout le monde doit se poser les bonnes questions », a-t-il concédé.


« On paye des erreurs comme la suppression des centres de formation puis la concentration des ressources vers le Centre national d’entraînement », observait l’année dernière la joueuse poitevine et consultante Marine Partaud. En effet, en région, seul le Pôle France masculin (13-16 ans) de Poitiers a survécu à la réforme fédérale impulsée par Bernard Giudicelli. Créé en 1978 au Creps, le centre de formation a sorti quelques-uns des meilleurs joueurs français -Tsonga, Simon, pour ne citer qu’eux- et plusieurs pépites d’aujourd’hui… qui peinent toutefois à confirmer. « On est dans un trou générationnel », indique Bruce Liaud, entraîneur national de la FFT, depuis quatorze ans au Creps.


Une section féminine 
à la rentrée

Installé à Smarves depuis sa retraite du circuit pro, Nicolas Devilder n’entend pas donner de leçons sur la formation. Coach personnel de Quentin Halys (86e mondial) depuis deux ans, il ne voit « pas de solution miracle » pour intégrer durablement tous ces espoirs dans le Top 100 international. « Tout le monde n’a pas la capacité d’être au haut niveau, juge simplement l’ex-n°60 à l’ATP. Un champion a l’état d’esprit dès le plus jeune âge. »


D’où l’importance de la détection dans les clubs, les ligues, par les équipes techniques régionales. C’est ainsi que les jeunes Timéo Trufelli et Antonin Witz, 
14 et 13 ans, ont été repérés, puis proposés pour intégrer le Pôle France de Poitiers. « On veut en faire notre métier. Venir au Pôle était une étape-clé de notre parcours », confient les garçons, déjà sélectionnés en équipe de France U15. Ici, ils disposent d’un encadrement que « d’autres sports nous jalousent sur le Pôle », 
sourit Bruce Liaud. « On essaye aussi de moderniser notre entraînement », ajoute le responsable du centre, citant l’apport des ceintures de fréquence cardiaque ou encore celui, attendu, de l’analyse vidéo.


Signe d’une prise de conscience, et avec l’appui de la nouvelle gouvernance fédérale, le Pôle poitevin rouvre sa section féminine (génération 2010-2011) à la rentrée. « Avec les mêmes exigences de formation pour le haut niveau » que les garçons, à savoir développer chez ces jeunes pousses « la conscience du travail ». Ce n’est en rien une garantie de succès futurs. « Le tennis reste un sport compliqué, où il faut être fort dans beaucoup de domaines, insiste Nicolas Devilder, formé à Poitiers entre 1991 et 1994. Et être accompagné. » Les résultats en jeunes invitent cependant Bruce Liaud à l’optimisme. « Il faut leur laisser du temps pour arriver. Gabriel Debru(*), par exemple, est dans des temps de passage extrêmement bons. »


(*)Vainqueur du tournoi junior 2022 de Roland-Garros à 16 ans.

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