Les chasseurs se comptent

12 000 en 2021, combien cette année ? A quelques jours de l’ouverture de la chasse, le 11 septembre, la Fédération des chasseurs de la Vienne forme tous les mois de nouveaux adhérents, pas forcément issus du sérail.

Arnault Varanne

Le7.info

Ce sont des hommes à 90%, ils ont « entre 30 et 45 ans » 
et choisissent de passer leur permis de chasse sur le tard. Eux, ce sont les nouveaux (futurs) visages de la chasse version 2022-2023. « On est un peu victime de notre succès, toutes nos formations sont complètes jusqu’à l’automne », confirme Michel Cuau. Le président de la Fédération des chasseurs de la Vienne veut croire à « un effet Covid » et à un changement de regard de ses concitoyens. « A force de parler de nous en mal, peut-être que certains veulent découvrir de l’intérieur notre passion, notre approche de la nature... » En juillet, 88 personnes ont franchi le pas... loin des polémiques sur les réseaux sociaux, parfois entretenues par le président national des chasseurs, Willy Schraen. Toutefois, selon un sondage d’Ipsos réalisé en septembre 2021, 51% Français sont opposés à la pratique, même si 58% estiment qu’elle fait partie du patrimoine culturel français. 


Les formations 
décennales ont démarré

Localement, l’ouverture de la saison aura lieu le dimanche 11 septembre, alors que la chasse aux sangliers 
-1er juillet-14 août- a été plutôt calme compte tenu du climat et des dégâts occasionnés aux cultures céréalières (cf. repères). Cette cuvée 2022 s’inscrit comme les précédentes sous le signe de la sécurité. D’autant que les premières formations décennales imposées par la loi chasse de 2019 ont démarré au printemps. Pour rappel, tous les titulaires d’un permis devront s’y plier dans les dix ans à venir. Michel Cuau a donné l’exemple le 6 mai... en distanciel. « La formation se décompose en quatre modules avec trois questions à la fin de chaque cycle. Ça dure environ deux heures. » 
Le patron des chasseurs de la Vienne n’envisage pas de formation en présentiel avant 2024, « en regroupant les gens pour plus d’efficacité ». 
On a déjà vu plus coercitif comme mesure ! 


« C’est une usine à gaz »

Dans le même registre, les chasseurs de la Vienne ne se bousculent pas au portail du nouveau Système d’information sur les armes (SIA), mis en place en 2021. Ils ont jusqu’au 30 juin 2023 pour enregistrer leurs armes. « C’est une usine à gaz, soupire Michel Cuau. Il y a une vraie fracture numérique pour beaucoup de nos adhérents qui ne savent pas comment ouvrir leur compte, scanner leur pièce d’identité, leur permis de chasse, fournir un justificatif de domicile... » La préfecture est consciente du problème et a organisé une réunion dans le Montmorillonnais pour éclairer les chasseurs et ouvrir les comptes. « Cette démarche d’aller vers se renouvellera », confirme Alice Mallick, nouvelle directrice de cabinet du préfet de la Vienne. Une fois par semaine -le jeudi après-midi sur rendez-vous-, le service dédié ouvre ses portes à la préfecture, à Poitiers, et l’accueil s’effectue aussi dans les maisons France Services de Gençay, Pleumartin et Valence-en-Poitou. 


Dégâts agricoles : une facture salée ? 
La question de l’indemnisation des dégâts agricoles par le grand gibier (les sangliers) revient avec acuité cette année. Le président de la Fédération de chasse de la Vienne estime que la pourrait grimper à... 1,5M€ contre 800 000€ en 2021 (le tiers du budget). En cause, la guerre en Ukraine et le prix des céréales qui flambe. Les chasseurs ont fait leurs calculs : 162 communes sont touchées, soit 55% du total dans la Vienne, sachant que 20 cumulent 50% des dégâts. Ceux-ci concernent des prairies (35%), des champs de maïs (33%), de tournesol (12%) et de blé (21%). Sur la saison 2020-2021, les sangliers auraient détruit tout ou partie de 590 hectares. Après la période de chasse sur autorisation préfectorale (1erjuillet-14 août), les prélèvements sont autorisés jusqu’au 31 mars 2023 mais uniquement sous la responsabilité du détenteur du droit de chasse. 

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