Granulés : adoucir 
les tensions

La médiatisation d’une possible pénurie de granulés de bois a eu pour effet d’accentuer les tensions sur un marché en pleine expansion. Pas de panique, rassurent les professionnels, il y en aura pour tout le monde à condition de savoir raison garder.

Claire Brugier

Le7.info

« Il y a des granulés ! », assure Eric Vial. Le délégué général de Propellet, l’association nationale des professionnels du chauffage aux granulés de bois, constate certes une tension sur le marché des pellets (selon le terme anglophone) mais il nie toute situation de pénurie, juste « un changement du comportement d’achat » qui a ponctuellement déséquilibré le rapport entre l’offre et la demande. 
« La majorité des consommateurs a voulu acheter des granulés très tôt, entre mars et juin. Or, comme la filière de production réalise 7 à 10% de sa production annuelle chaque mois… » 
Cette demande massive et précoce a créé des tensions sur le marché, faisant naître les craintes largement médiatisées d’une pénurie. Panique chez les consommateurs, qui ont commandé au-delà de leurs besoins, ce qui a accentué les tensions, alimenté les craintes... Et ainsi de suite. « Aujourd’hui, la demande est deux à six fois supérieure à la normale alors que concrètement la hausse réelle de la consommation ne dépasse pas 15%. La filière la prépare depuis 2018, elle est en ordre de bataille », rassure Eric Vial, chiffres à l’appui. La production est passée de 1,9 million de tonnes en 2020 à 2,4 en 2021 ; 
elle est estimée à 2,6 cette année. « La filière dispose actuellement de près de 70 usines de granulation et elle a prévu d’augmenter la production de 300 à 350 000 tonnes chaque année jusqu’en 2024. » De quoi absorber les besoins d’un parc de poêles et chaudières croissant, soutenu par les aides à la rénovation énergétique.

Des prix qui grimpent

Lors de leur emménagement à Bignoux il y a cinq ans, Benjamin et Marion avaient déjà prévu de remplacer leur chaudière fioul, sans savoir encore par quoi. Le couple a finalement opté pour une chaudière à granulés de bois, « pour être plus vertueux, car les granulés sont fabriqués avec les produits rabotés en France, rappelle Benjamin, mais aussi pour le coût. » Leur chaudière flambant neuve vient d’être installée et le silo attenant rempli de 4 tonnes de granulés en vrac, ce qui équivaut quasiment à leur consommation annuelle. Coût : 2 236€, soit 559€ par tonne. 
« Actuellement, le prix moyen se situe entre 500 et 600€ par tonne mais cela peut aller de 400-450€ à 800€, souligne le délégué général de Propellet. Quand le prix double, comme depuis le printemps 2021, la hausse est entièrement due aux coûts de production. »

Pour dégoter un distributeur, Benjamin en a « appelé une quinzaine ». Les professionnels sont assaillis de demandes. Directeur de Chaleur O Naturel, à Chasseneuil, Jérôme Bellin le confirme. « Nous faisons beaucoup de sensibilisation auprès de nos clients pour qu’ils ne surstockent pas. Pour éviter la panique, nous les rationnons à cinq sacs (ndlr, de 15kg) et nous avons coupé notre distributeur automatique. Cet été, il a délivré 15 tonnes par jour, comme un mois de décembre ! » Dans ce contexte tendu, Eric Vial n’en démord pas : « Les consommateurs ont un rôle à jouer en n’achetant que la quantité dont ils ont besoin. »

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