Simone, hantée par son passé

Après Edith Piaf et Grace de Monaco, Olivier Dahan célèbre Simone Veil au cinéma. Le réalisateur signe le portrait poignant, bien qu’imparfait, d’une grande figure politique française mais surtout, un film-mémoire nécessaire.

Steve Henot

Le7.info

Retirée de la vie publique, Simone Veil démarre la rédaction de ses mémoires, l’année de ses 80 ans. Les souvenirs affleurent, vifs, dans un certain désordre. Surgit ici sa lutte pour la légalisation de l’IVG, là son engagement pour une prise en charge plus digne des détenus dans les prisons françaises et algériennes… Puis d’autres, plus lointains, dans l’enfance et durant la reconstruction d’après-guerre.

Par cette lecture non chronologique de la vie de Simone Veil, Olivier Dahan semble vouloir tirer le fil (rouge) de la vocation de cette femme de combats. Ces bonds incessants entre les époques ont de quoi déboussoler mais Simone, le voyage du siècle parvient à saisir la culpabilité du survivant, sa solitude aussi et ce farouche désir de justice que la Shoah a fait naître chez ses victimes. Se dessine alors le portrait poignant d’une battante qui a toujours été portée par l’espoir d’un monde meilleur.

Mais alors qu’il s’attachait à illustrer le profond traumatisme de la déportation, le film finit par en montrer l’horreur, dans une grandiloquence qui tranche avec sa première partie. Et le cinéaste de succomber aux pièges du catalogue et de l’hagiographie. Sous ces effets mélodramatiques très appuyés, Rebecca Marder parvient à tirer son épingle du jeu, tandis qu’Elsa Zylberstein semble anesthésiée par un encombrant maquillage. Bien qu’inégal, ce biopic n’en demeure pas moins utile et nécessaire, entretenant une mémoire menacée par l’obscurantisme.

Biopic d’Olivier Dahan, avec Elsa Zylberstein, Rebecca Marder, Elodie Bouchez (2h20)

DR

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