Recrutement : 
pourquoi ça coince

Immersions, portes ouvertes, forums... Les entreprises de la Vienne rivalisent d’imagination pour recruter de nouveaux collaborateurs, dans le transport, la santé ou l’industrie. Une tâche compliquée à l’heure où le taux de chômage n’a jamais été aussi bas : 5,9%.

Le7.info

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« Pourquoi nous recrutons ? Parce que beaucoup de personnes partent en retraite et que l’entreprise connaît un pic d’activité ! » La réponse fuse comme une évidence dans la bouche d’Hélène Pichard, la directrice de la communication de Marie Surgelés. Le poids lourd de l’agroalimentaire s’est offert des 4x3m à l’entrée de Poitiers pour être sûr de drainer du monde, vendredi dernier sur son site de Mirebeau. Mais pas sûr que les 50 postes ouverts trouvent preneurs, malgré la promesse d’une « immersion d’une demi-heure à une heure dans l’univers professionnel ». Du restaurateur à l’industriel, du cabinet d’expertise comptable à la PME du bâtiment, peu de secteurs semblent épargnés par la pénurie de personnels... pas même la santé. Au CHU de Poitiers, le 1er forum emploi du genre, les 7 et 8 octobre, a attiré environ 200 personnes pour 
150 postes à pourvoir. Une innovation payante ? « Une dizaine d’infirmiers et plusieurs dizaines d’aides-soignants sont venus avec leur CV. Au-delà de nos besoins immédiats, nous avons recueilli des candidatures pour l’avenir dans les métiers de la logistique, de l’informatique... », commente Sophie Guerraz, DRH de l’établissement.

Le chômage au plus bas

« Le chômage a baissé de 8,3% sur un an, il s’établit à 5,9%. Le département est dans les dix-sept premiers français dans cette catégorie », observe Célia Rodrigues-Minau, directrice territoriale de Pôle Emploi 86 et 79. La Vienne au plein emploi ? 
« On y est quasiment », assure le préfet, alors qu’un Service public de l’insertion et de l’emploi a vu le jour la semaine dernière pour assurer à « celles et ceux qui veulent trouver une place dans la société par le travail et l’activité d’y parvenir ». Les bénéficiaires du RSA, les demandeurs d’emploi de longue durée -28% des inscrits à Pôle Emploi, toutes catégories confondues-, les personnes en situation de handicap et les jeunes de 18 à 25 ans font partie des publics prioritaires. L’expérimentation court sur deux ans mais, déjà, le nombre de bénéficiaires du RSA diminue : 
12 100, 25 de moins par mois.

« Travailler sur sa marque employeur »

Suffisant, alors que les chauffeurs de bus, chaudronniers, développeurs informatiques et autres serveurs font toujours défaut ? Pour Olivier Bouba- Olga, chercheur en sciences économiques et chef du service études et prospectives à la Région, « d’autres freins à l’emploi existent » (mobilité, logement, garde d’enfant...), sachant aussi que « les conditions de travail ou de rémunération peuvent être jugées trop dégradées ». Les dirigeants ont leur part de responsabilité. « Il faut travailler sur sa marque employeur et apparaître comme une entreprise ouverte sur son environnement pour être attractive », note le directeur de la Mission locale du Poitou, Benjamin Carré. D’autant que le rapport au travail a changé depuis la crise sanitaire. « Les horaires décalés et les temps partiels sous-payés, ce n’est plus possible », poursuit Sonia Chopin. Huit personnes sur dix viennent la voir à l’Espace régional d’information de proximité pour lui parler de reconversion professionnelle. 
« Les gens réinterrogent le sens de leur travail et leurs priorités en faveur de leur vie personnelle. » Pour celles et ceux qui recherchent simplement un poste, Grand Poitiers organise sa 2e Semaine de l’emploi. Jusqu’à samedi, des visites d’entreprises et des rendez-vous conseils sont programmés dans dix communes de l’agglo. Plus d’infos sur grandpoitiers.fr.

Arnault Varanne - Romain Mudrak

crédit photo : CHU de Poitiers

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