La paille hachée bientôt validée

Depuis plus d’un an, Ielo s’active pour faire reconnaître la paille hachée comme isolant biosourcé sur le marché français. Le bâtiment Champlain, sur le campus de Poitiers, va être le premier chantier pilote de la jeune société coopérative basée à Bonneuil-Matours.

Claire Brugier

Le7.info

Le lancement en mars 2021 de la Société coopérative d’intérêt collective Ielo 
(cf. Le 7 n°525), en partenariat avec la coopérative agricole de La Tricherie, n’était que le début d’un long parcours. Certes, « Ielo n’a pas inventé la paille hachée », 
note son directeur Nicolas Rabuel en citant les exemples de l’Autriche, des Pays-Bas ou encore de l’Allemagne, mais en France son utilisation est inédite et la commercialisation sur le marché d’un nouvel isolant requiert moult étapes et autorisations.

Après une année de tests en laboratoire et d’essais d’insufflation, le 23 septembre, Ielo (cf. Le 7 n°525) a enfin reçu son Appréciation technique d’expérimentation (Atex) de 
« cas b ». « C’est une première marche, se réjouit Nicolas Rabuel. C’est la reconnaissance en technique courante du produit comme conforme à l’exigence des bâtiments et ne mettant pas en danger les personnes. » 
Reste à obtenir l’Atex de « cas a » avec la ressource agricole locale. « Nous avons une grande marge de manœuvre, les stocks sont sécurisés. » Parallèlement, l’installation de la ligne de production a pris du retard, en raison de la pénurie de composants. Elle devrait intervenir avant la fin de l’année, pour un début de la production autour de juin prochain, réglages divers obligent. « En rythme de croisière, dans trois-quatre ans, le site produira 
10 000 tonnes de paille hachée par an », prévoit le directeur.

Champlain, 
chantier pilote

« La conjoncture, avec la RE2020, est favorable aux solutions d’isolation biosourcées et bas carbone, mais l’objectif est de les faire changer d’échelle, de les rendre pertinentes et viables pour le secteur du bâtiment, poursuit Nicolas Rabuel. A l’heure actuelle, le marché des isolants représente 1,5Md€ mais la part des biosourcés seulement 4 à 7%. Ils ont besoin d’inspirer confiance. » 

A l’échelle locale, le Crous de Poitiers a sciemment fait le choix de la paille hachée pour l’isolation du bâtiment Champlain, rénové en grande partie grâce au Plan de relance de l’Etat. « Nous avons fait un pari », reconnaît Julien Michaud, responsable du patrimoine. L’Atex est arrivée à point nommé pour faire de Champlain le premier bâtiment pilote de Ielo (la Maison de l’habitat de Périgueux suivra en 2023). Dès la fin du mois, la paille hachée sera insufflée dans les murs du bâtiment, à raison de 25 tonnes en deux à trois semaines. Le Crous évalue le surcoût à 2,2% par rapport à un autre isolant. Selon le projet, le coût fourni posé de cet isolant écologique oscille entre 25 et 70€/m2. 
« Mais à l’heure où les prix de l’énergie flambent, la paille hachée va nous faire économiser, notamment l’été en période de surchauffe. Et puis, elle permet une liberté architecturale que ne permettent pas les bottes de paille. » A terme, Ielo vise les grands projets collectifs et les marchés publics. La société poitevine s’est ainsi déjà positionnée sur l’aménagement de la Zac de Pirmil-les-Isles, à Nantes.

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