Olivier Dissais aux hasards de la vie

Olivier Dissais. 43 ans. Poitevin d’origine. Fondateur de la troupe Olivier Dissais Spectacle. « Musicien clavier » et homme de scène parti depuis peu à l’assaut des petit et grand écrans. Acteur de sa vie.

Claire Brugier

Le7.info

« Je suis tombé dans la musique. » Bienheureuse chute dont Olivier Dissais ne s’est jamais relevé. A l’heure de présenter à Jaunay-Marigny L’Epée affutée, son troisième spectacle « pour enfants mais pas enfantin », 
le musicien de 43 ans se lance un nouveau défi : décrocher un petit rôle au cinéma. Pas question pour autant de brusquer le destin. Le fondateur de la troupe de spectacle qui porte son nom fait une fois de plus confiance au hasard qui, depuis toujours, fait grandir le garçon « réservé et timide » de Vendeuvre. 


Considéré comme le plus scolaire d’une fratrie de quatre enfants, Olivier a appris le piano tandis que ses frères apprivoisaient le ballon rond. Premier hasard. Lorsque quelques années plus tard son prof de clavier s’est engagé dans l’armée, il a repris sa place dans un trio et a goûté à la scène au cabaret du Bois de Chaume, à Dissay. Deuxième hasard. « Je ne savais pas trop quoi faire de mes os à l’époque, alors ça ou autre chose... » Passé par les ateliers musicaux Syrinx et -brièvement- par le conservatoire et la faculté, le « musicien clavier », qui trouve le costume de pianiste trop grand pour lui, s’est pris au jeu. « Têtu mais pas borné », aimant l’énergie du collectif, il s’est longtemps fondu dans l’orchestre de variétés de Michel François (Indre-et-Loire), puis depuis seize ans dans Les Nuits blanches, à Angers. Y a-t-il retrouvé inconsciemment l’odeur des lendemains de fête des 
« bals sous parquet » que son père, membre de l’association de parents d’élèves, contribuait à organiser sur le stade de Vendeuvre ? Qui sait… « L’odeur de tabac froid et d’alcool, c’est une odeur d’enfance… », sourit le musicien. 


« J’ai appris 
à être passionné »

Une expérience chassant l’autre, le fils et petit-fils d’agriculteur est devenu intermittent du spectacle, aussi parce que la musique lui a donné la clef de l’indépendance. « Il fallait que je sois autonome !, lâche-t-il. D’ailleurs, à 18 ans et trois jours, j’avais mon permis. » A demi-mots, Olivier évoque « un contexte familial » que l’on devine compliqué mais aussi, avec pudeur, la maladie génétique de sa mère, « le besoin d’être présent et la culpabilité d’être absent » qui l’ont tiraillé pendant vingt ans. Vingt ans de projets et de rencontres pendant lesquels la musique ne l’a pas quitté. « J’ai appris à être passionné. Je me suis construit tout seul. J’observe et ensuite je mets en pratique à ma manière. C’est atypique, cela met aussi plus de temps… » 
Surtout « ne rien demander à personne ». Et apprendre, à concevoir l’éclairage d’un spectacle, à écrire sa musique, à se faire commercial pour assurer la diffusion des créations, à réparer soi-même son matériel, à utiliser les nouveaux moyens de communication…


« Dès le début d’Internet -je n’avais alors qu’un petit modem 512K-, j’ai compris la fenêtre sur l’extérieur que cela représentait. » A titre professionnel bien sûr, mais aussi à titre privé, pour rencontrer la gendarme qui partage sa vie, la mère de ses deux garçons de 5 et 8 ans, Tiphaine, « [son] garde-fou ». « L’adage selon lequel « qui se ressemble s’assemble » n’a jamais bien fonctionné dans mon cas », confie le fidèle joueur de foot local. « C’est le seul moment où je décroche complètement. Mais les jeunes sont là, ils courent vite », plaisante-t-il, conscient d’être « en fin de carrière ». Il lui restera toujours la course à pied. 


Dans le dernier film 
de Franck Dubosc

L’inactivité, trop peu pour lui, même si sa maison de Thurageau, loin du bruit de l’actualité, a tout pour plaire à cet épicurien. Au plus fort de la crise sanitaire, l’arrêt forcé du spectacle vivant a momentanément abîmé son optimisme naturel, exacerbant son « besoin de sortir ». Alors quand l’annonce d’une recherche de correspondant de presse sur le secteur de Saint-Martin-La Pallu/Avanton/Chabournay est parue, il n’a pas hésité. Pas davantage pour faire de la figuration dans Diane de Poitiers, de Josée Dayan (déjà disponible sur Salto, bientôt sur France 2). 
« Aujourd’hui, j’en suis à une vingtaine de figurations dans des films et séries. » Emily in Paris, Capitaine Marleau, La Guerre des Trônes (tourné en septembre au château des Ormes), une publicité pour les Gîtes de France Corse... Et, la semaine dernière encore, le dernier film de Franck Dubosc. « Depuis un an, je suis à fond là-dedans ! Je ne suis pas à l’aise avec mon image, je dois batailler mais je commence à m’apprivoiser. » Sur sa lancée, il a aussi participé à quelques jeux télévisés et il est désormais référencé à l’agence de mannequin Lili M de Nantes. « Si je partage toutes ces expériences sur les réseaux, c’est avant tout pour dire aux gens que c’est possible, si on a l’envie et le temps. » Au-delà, « je travaille pour la postérité, précise Olivier. Je veux que mes enfants se souviennent d’un père actif, qu’ils soient curieux de beaucoup de choses, qu’ils s’intéressent aux gens… »


L’Epée affûtée, le 26 octobre, à 15h, à l’Agora, à Jaunay-Marigny (à partir de 3 ans). Plus d’infos sur olivier-dissais-spectacle.com.

À lire aussi ...