Les stations de lavage 
prennent l’eau

La levée de l’arrêté interdisant le lavage des véhicules automobiles en fin de semaine dernière a soulagé les professionnels mais il n’a pas effacé les traces des trois derniers mois dans les trésoreries ni rassuré sur l’avenir.

Claire Brugier

Le7.info

A la peine depuis l’arrêté préfectoral du 18 juillet restreignant les usages de l’eau, les stations de lavage automobile vont enfin pouvoir retrouver une activité normale sur l’ensemble du département. La préfecture de la Vienne a levé jeudi les interdictions de lavage des véhicules chez des professionnels équipés « avec du matériel haute pression et avec un système de recyclage de l’eau ».

La mesure n’efface malheureusement pas les effets des trois derniers mois sur la trésorerie des entreprises (135 dans la Vienne), en grande majorité des indépendants, qui ont dû piocher dans leurs réserves pour honorer les charges fixes. « Nous avons parfaitement compris l’arrêté, assure Mathieu Dudognon. Mais on nous a tout simplement interdit de travailler, sans aucune visibilité pour la suite. » Le gérant d’une station de lavage de Migné-Auxances estime à 70% ses pertes, les 30% restants étant constitués de personnes ignorantes ou indifférentes à l’arrêté. De son côté, Jacky Roy avance le chiffre de 85%. Sa station de lavage peut accueillir en temps normal plus de 100 véhicules par jour ; elle était jusqu’à peu sa seule activité. « En tant qu’indépendant, j’ai été lâché sans revenu. J’ai donc dû trouver un emploi à l’extérieur, un CDI, pour subvenir à mes besoins, explique le gérant de la station de la Demi-Lune, à Poitiers. D’ordinaire, juin, juillet, août et septembre sont les mois qui aident à passer octobre, novembre et décembre. Cette année, ce n’est pas une semaine de sable du Sahara qui va sauver trois mois de trésorerie. »

50l d’eau par voiture

Aux pertes d’exploitation s’ajoute une hausse exponentielle de la taxe foncière. « +500% !, assène Sébastien Forestier, à Neuville-de-Poitou. En ce qui me concerne, elle est passée de 1 000€ à 6 000€ l’an dernier. » L’entrepreneur, dont ce n’est pas l’activité principale, a réussi à obtenir des dégrèvements mais « on vit sur notre trésorerie. Contrairement à d’autres secteurs, on n’a bénéficié d’aucune aide de l’Etat. On a servi de vitrine ».

Le courrier envoyé au préfet et aux parlementaires de la Vienne fin septembre est resté lettre morte presque partout. Le sénateur Bruno Belin s’est bien fendu d’une question à la ministre déléguée aux PME Olivia Grégoire mais elle est demeurée sans réponse. 
« Pourtant, nous consommons beaucoup moins d’eau qu’un particulier, rappelle Sébastien Forestier. Il faut compter 50 litres pour une voiture en station de lavage et autour de 100 litres pour un lavage portique, alors qu’au jet un particulier utilise près de 500 litres. De plus, nous retraitons les boues, les hydrocarbures, tout ce qui est polluant. »

La profession attend désormais un geste financier de la part de l’Etat mais aussi des mesures structurelles, dans la perspective d’autres sécheresses.

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