La construction 
chancelle

Dans la Vienne, le marché de la construction de logements neufs s’est tendu au deuxième semestre 2022, sous l’effet de la hausse du coût des matériaux et du blocage des prêts immobiliers. L’année 2023 s’annonce incertaine.

Arnault Varanne

Le7.info

Moins 2,7%. Le nombre de déclarations d’ouverture de chantiers a baissé de 2,7% sur un an à fin novembre 2022 dans la Vienne, par rapport à la même période précédente. Et la chute est même de 14,9% si l’on ne tient compte que du trimestre septembre-novembre. « Il y a effectivement beaucoup moins de projets, les constructeurs de maisons individuelles font face à une baisse de 15 à 30% des demandes, confirme Carine Courtaudière, secrétaire générale de la FFB86. Soit les particuliers n’ont plus les budgets avec l’augmentation du coût des matériaux, soit ils se voient refuser leur demande de prêt. Quant aux maîtres d’ouvrage publics, très peu de projets sortent, pour des raisons budgétaires. » Fort heureusement pour le BTP, le marché des locaux non résidentiels (bâtiments agricoles, industriels, bureaux...) se porte bien avec une croissance de 41,9% des déclarations d’ouverture de chantier.

« Le neuf est 
clairement à la traîne »

« Notre seul souci, c’est le prix des matériaux et le personnel, reconnaît Christophe Fernand, dirigeant d’ACF PE2C, à Migné-Auxances. On cherche des plombiers et des électriciens. On est moins touché sur le neuf car on en fait très peu, à peine une dizaine de pavillons par an. En rénovation, il y a encore beaucoup de chantiers. » 
La PME travaille pourtant avec des bailleurs sociaux dont les programmes sont contrariés, mais le recul d’activité est à relativiser pour l’ensemble du secteur du BTP. « L’année 2022 était bien partie, mais la demande s’est essoufflée à partir de septembre », constate Xavier Thomas, directeur général des Maisons du Marais. Le constructeur, qui rayonne sur quatre départements, fait preuve d’un 
« optimisme prudent » pour 2023, même s’il relève qu’au-delà des problématiques (accès au crédit, coût des matériaux), « la nouvelle réglementation thermique engendre des maisons toujours plus économes et confortables l’été ». Un argument de poids pour les particuliers. « Pour une maison de 130m2, on est à moins de 700€ à l’année, chauffage et eau chaude sanitaire comprise. »

« La croissance reste dynamique (+2,4% sur l’année) mais l’activité du secteur n’a eu de cesse de ralentir au fil de l’année 2022. Le neuf est clairement à la traîne », observe pour sa part Benoît Labrunie. Et le secrétaire général de la Capeb de la Vienne de pointer la principale raison du ralentissement : une hausse de 27% du coût des matériaux de construction sur l’année dernière. Ajoutez à cela des prix du carburant qui flambent, des difficultés d’approvisionnement ou encore le renchérissement du prix du foncier et vous obtenez une situation contrastée.

Les prix à la loupe

Si le neuf roule vent de face, le secteur du BTP est clairement porté par la rénovation énergétique. Mais là aussi la volatilité des prix commence à lasser les artisans et déboussoler les clients, malgré des aides gouvernementales toujours déterminantes à l’heure des travaux. Le ministère de l’Economie et des Finances vient de mettre en place, en lien avec l’Insee, un dispositif d’analyse des coûts de production des matériaux de construction pour « accompagner la filière ».

À lire aussi ...