Justice restaurative, bulle d’espoir

Je verrai toujours vos visages illustre le dispositif dit de justice restaurative, qui fait se rencontrer des auteurs d’infractions et des victimes. Jeanne Herry propose une immersion captivante, pleine d’humanité, avec un casting au sommet de son art.

Steve Henot

Le7.info

Peu de personnes connaissent le dispositif. Et pourtant, la justice restaurative existe en France depuis 2014 déjà. Elle est même apparue l’année dernière à Poitiers. Le principe est de faire se rencontrer des auteurs d’infractions avec des victimes -parfois leurs victimes- afin de réparer le traumatisme des uns et de redorer l’humanité des autres. C’est cette démarche, ce « sport de combat » qu’a voulu illustrer Jeanne Herry dans son troisième long-métrage, Je verrai toujours vos visages, titre riche de sens.

On y suit tour à tour Chloé, qui décide de se confronter à ce grand frère qui l’a violée dans son enfance, puis Grégoire, Nawelle et Sabine, tous trois à la rencontre de détenus condamnés pour vols avec violences, des faits qu’ils ont eux-mêmes subis et qui les ont profondément meurtris. Leurs parcours montrent comment le cadre de la justice restaurative permet à chacun, victimes et auteurs, d’être entendu et d’avoir une écoute. Et d’entrevoir, au fil des échanges en quasi huis-clos, la possibilité d’un nouveau départ. La démonstration est à ce titre remarquable, d’une grande fluidité, épargnant au spectateur un didactisme pompeux sur le dispositif. Elle s’incarne surtout dans un casting cinq étoiles, d’un naturel désarmant et d’une immense justesse (formidable Adèle Exarchopoulos). Dans des temps où il peut sembler de plus en plus virtuel, le dialogue trouve ici un plaidoyer pertinent, offrant une très belle leçon d’humanité. On sort de la séance convaincu et plein d’espoir.

Drame de Jeanne Herry, avec Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah, Leïla Bekhti (1h58).

DR

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