Les secrets des pelotes de réjection

Bien que communs, les micro-mammifères restent peu connus. Pour en savoir davantage, une étude à laquelle participe Vienne Nature est menée à l’échelle régionale à partir de… pelotes de réjection.

Ce n’est pas un hasard si la Nouvelle-Aquitaine a inscrit leur étude dans son contrat d’objectif 2022-2024. Les micro-mammifères ont beau faire partie du décor, on en sait finalement peu sur eux. Vienne Nature et ses homologues ont donc pour mission d’en apprendre davantage sur cette « famille » non reconnue par la taxonomie et qui compte vingt-six espèces dans le département. Comment ? A partir des pelotes de réjection de l’effraie des clochers. « Bien sûr, il y a d’autres rapaces nocturnes mais l’effraie s’approche davantage des infrastructures humaines. » Plus facile pour récolter ses pelotes ! Et puis la petite chouette « est très généraliste dans ce qu’elle mange », 
assure Alice Chéron, chargée d’étude chiroptères-faune à Vienne Nature. Mieux encore, elle est une prédatrice délicate. « Contrairement par exemple à la chouette hulotte, qui endommage le crâne de sa proie en lui donnant un coup de bec, l’effraie la gobe tout rond. » Une fois régurgitées, ses boulettes sont donc riches d’enseignements sur les muscardins, campagnols amphibies, musaraignes et autres hérissons, écureuils et loirs de nos campagnes.

Une méthode simple

« On décortique les pelotes pour en extraire les crânes et mandibules inférieures afin de pouvoir déterminer l’alimentation, si c’était un rongeur, un insectivore, un carnivore. On peut ainsi réaliser un inventaire sans déranger aucune espèce, reprend Alice Chéron. On peut aussi se douter de la proportion de chaque espèce, en prenant en compte le fait que certaines sont peu prédatées. » Pour étendre son étude, Vienne Nature initie des bénévoles au maniement de la loupe binoculaire et aux « clefs de détermination ». 
« Cela permet de former des gens tout en récupérant de la donnée. En parallèle, nous pouvons travailler sur d’autres protocoles, le suivi acoustique pour les musaraignes amphibies, la recherche de nids pour les rats des moissons et les muscardins… Actuellement, nous testons la capture dans des pièges Inra. »

Prochain atelier pelotes de réjection, mercredi à 18h au siège de Vienne Nature, à Fontaine-le-Comte. Inscription sur vienne-nature.fr.

Photo : Thibaud Dumas - Vienne Nature.