Tensions sur 
l’hébergement d’urgence

Chaque jour, dans la Vienne, jusqu’à une quinzaine de personnes se voient refuser l’accès au 115. En dépit de l’augmentation du nombre de places d’hébergement d’urgence, 
la situation 
ne s’améliore pas.

Arnault Varanne

Le7.info

Combien de personnes dorment dans la rue toutes les nuits dans la Vienne ? Personne ne sait répondre à cette question pourtant essentielle. Car si la Vienne compte à ce jour 
601 places d’hébergement, dont 309 dites d’urgence(*), que ce chiffre a progressé de 191% en cinq ans, il existe encore des trous dans la raquette. 
« Si vous êtes un homme seul avec un chien, ce n’est même pas la peine d’appeler le 115, témoigne Damien Delpech, animateur de réseaux de solidarité au Secours catholique du Poitou. Et si vous êtes un homme seul, vous ne serez pas prioritaire... »

Des maraudes 
en première ligne

L’Etat le reconnaît sans détours. 
« En moyenne il y a entre 5 et 15 personnes pour lesquelles des réponses n'ont pas pu être apportées sous la forme d'une prise en charge par la mise à l'abri, commente la préfecture de la Vienne. Il s'agit principalement d'hommes seuls qui parfois refusent l'hébergement proposé car non adapté selon eux. Nous essayons, avec les partenaires, de travailler sur ces situations afin de pouvoir proposer des solutions de mise à l'abri à ces personnes répondant à leur mode de vie. » 
A l’instar de la famille géorgienne Goderdzi (Le 7 n°618) ou de jeunes migrants, l’accueil au Service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO) de Poitiers n’est pas toujours fluide et la cohabitation se révèle parfois compliquée.

« La tension au 115, ce n’est pas vraiment nouveau, note Chantal Bernard, de l’association Min’de rien. Il manque des places et il y a davantage de jeunes majeurs à la rue. Certains alternent entre 115 et hébergement chez des particuliers, c’est un peu au jour le jour. » Reste les maraudes qui permettent d’identifier les personnes dans le besoin et de leur apporter « assistance et secours (écoute, aide médicale, aide alimentaire…). Si elles le souhaitent, elles peuvent être orientées vers le SIAO de la Croix-Rouge pour engager un travail d’évaluation sociale et d’accompagnement », précise l’Etat. Les équipes de la Croix-Rouge réalisent au minimum huit maraudes par semaine, sept à Poitiers et une voire deux à Châtellerault lorsque les températures descendent. 


N'empêche, au-delà de l’hébergement, beaucoup d’associations déplorent la non-reconduction pour une cinquième année consécutive d’une halte répit comme celle de 2022 
(22 décembre-31 mars) au gymnase Joël-Potreau, à La Caserne, à Poitiers. « On a pourtant besoin de lieux avec une diversité de professionnels pour répondre à toutes les problématiques des sans-abri. Le coût financier ne semble plus supportable pour l’Etat (190 000€, ndlr)... », 
conclut Damien Delpech. Qui regrette au-delà qu’on ne fasse « pas assez de lien entre les besoins du jour et de la nuit ». Et de pointer du doigt le retrait du CHU de Poitiers du relais Georges-Charbonnier, « un très mauvais signal pour des populations déjà en souffrance ». 


(*)92 places supplémentaires peuvent être mobilisées en cas de déclenchement du plan hivernal. Son application dépend de l'abaissement des températures.

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