Infirmières des cœurs

Célia Braguier et Angélique Blanchon sont infirmières spécialisées en rythmologie au CHU de Poitiers. Leur mission : 
surveiller à distance les cœurs de patients porteurs d’un pacemaker ou d’un défibrillateur.

Claire Brugier

Le7.info

Dans rythmologie, il y a rythme bien sûr. Mais celui qu’« écoutent » Célia Braguier et Angélique Blanchon n’est pas l’œuvre de quelque génial compositeur. Non, ce rythme-là provient de la petite musique du cœur de patients à qui l’on a implanté un dispositif cardiaque de type pacemaker ou défibrillateur. Les deux infirmières au CHU de Poitiers, fortes d’une longue expérience en cardiologie, ont appris à en déchiffrer la partition, elles savent détecter les troubles du rythme cardiaque et sont aussi capables de repérer des dysfonctionnements liés à la prothèse (batterie, sonde…).

Mise en place dès 2012 au CHU, la télésurveillance cardiaque ne s’est véritablement généralisée qu’à partir de 2017 et la prise en charge à 100% par la Sécurité sociale. Depuis la file active des patients suivis n’a cessé de grossir pour s’établir actuellement à 3 800. « Le CHU est un important centre public d’implantation. On y pose autour de 700 pacemakers et 
150 défibrillateurs par an, note le Dr Bruno Degand, cardiologue responsable de l’unité de rythmologie. Mais le mode de surveillance a changé. Auparavant, un patient avec un pacemaker était suivi tous les six mois ou tous les ans, un patient avec un défibrillateur tous les trois ou six mois. Désormais, on les voit moins souvent mais ils sont surveillés en permanence. Cela soulage les médecins en termes de consultations et cela renforce la sécurité des patients. Par exemple, dans le cas d’une insuffisance cardiaque, on peut prédire plusieurs semaines avant qu’il va se passer quelque chose. »


200 alertes par jour

La télésurveillance est un outil de prévention, à ne pas confondre avec la téléassistance. « Dès qu’un patient est implanté, on l’équipe d’un boîtier qu’il fixe au pied de son lit. Les données de la prothèse sont enregistrées chaque nuit et transmises automatiquement toutes les 24 heures, explique Angélique Blanchon. On évite ainsi d’être dans l’urgence. » 
Sur les quelque 200 alertes reçues quotidiennement et rigoureusement analysées, seules une dizaine sont finalement transmises au médecin par les deux infirmières de coopération, qui sont aussi les interlocutrices privilégiées des patients. Tous ont leur numéro de ligne directe. « Dès la mise en place du protocole, on les rencontre, on leur explique, on dédramatise. Il y a un vrai lien qui se crée », souligne Angélique. « Et on les suit même pendant leurs vacances », complète Célia.

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