Au plus près du passé

Dans les tranchées ou au cœur des musées, Théo Métayer fait revivre l’Histoire. Ce jeune passionné de reconstitution militaire sillonne la France, et au-delà, pour transmettre la mémoire des combattants.

Pierre Bujeau

Le7.info

Effets personnels de ses ancêtres, musée des Grandes Guerres… Théo Métayer peine à se souvenir de l’origine exacte de sa passion pour l’Histoire, 
« mais ces deux éléments y ont largement contribué », précise-t-il. Quand d’autres adolescents préfèrent le ballon rond, lui aime flâner dans les lieux de mémoire. Parmi eux : le musée de la Seconde Guerre mondiale à Tercé, fondé par Christian Richard, historien… et cousin germain du jeune Vouglaisien de 24 ans. Théo le fréquente régulièrement, guidé par ce passionné qui lui transmet anecdotes et récits à travers près de 
1 500 objets exposés. « Avec Christian, nous avons un ancêtre commun qui faisait passer des personnes en zone libre durant la Seconde Guerre mondiale. Tercé se trouvait alors à la frontière de la zone occupée. L’histoire locale y est très riche », raconte-t-il. Avant même d’entrer au lycée, il s’était déjà constitué une belle collection dans son musée de 100m² : lettres, uniformes, dont ceux de son arrière-grand-père, gendarme à Alger. Un véritable trésor pour celui qui allait bientôt faire une rencontre décisive. « En seconde, j’ai sympathisé avec un camarade qui faisait partie d’une association de reconstitution à Châtellerault. » Il rejoint alors Collection Matériel militaire et plonge corps et âme dans cet univers.


Mieux qu’un film

Débarquement sur les plages de Normandie en conditions réelles ou commémoration du 8-Mai plus solennelle, le reconstitueur répond à l’appel du devoir… et des communes. Dynamique ou statique, chaque reconstitution plonge le public au cœur de l’Histoire. « Nous avons rejoué l’avancée des Américains face aux Allemands pendant six jours sur les plages de Normandie, avec plus de deux cents participants. » Chaque soir, il replie son campement et repart au combat le lendemain, armé de fusils et de chars prêtés par des armuriers spécialisés. Les reconstitutions s’installent même au cœur des villages normands, jusqu’à camper sous les fenêtres des habitants. Mais gare à ceux qui chercheraient à détourner cette passion ! « On ne confie pas une tenue de Waffen SS
 à n’importe qui. On s’assure que chaque participant est apte à vulgariser sans nier ni glorification », insiste le voltigeur au Puy du Fou néerlandais. Ces passionnés sont de véritables passeurs de mémoire, essentiels dans une époque tourmentée. Une commune a d’ailleurs refusé la présence de l’armée soviétique lors de ses commémorations. 
« On a un rôle de pédagogie envers tous les publics. Il ne faut pas tout mélanger ni oublier. » Prochaine destination : la République tchèque. Encore faut-il réunir les fonds nécessaires -environ 2 000€- pour participer au 80e anniversaire de la libération de Prague. Quand on aime, on ne compte pas. 


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