Une Sécu contre la malbouffe

Au cœur des quartiers comme à la campagne, la précarité alimentaire devient une préoccupation majeure. Face à l’essoufflement des modèles caritatifs, des acteurs locaux envisagent des alternatives, comme la Sécurité sociale alimentaire.

Romain Mudrak

Le7.info

Depuis le début de l’année, les épiceries sociales de La Blaiserie et de Cap Sud, à Poitiers, se sont engagées ensemble dans un Dispositif local d’accompagnement (DLA). L’objectif ? Trouver des alternatives à un modèle de lutte contre la précarité alimentaire à bout de souffle. « Le nombre de bénéficiaires augmente sans cesse tandis que les dons baissent tout comme la qualité des produits qu’on reçoit », souligne Françoise Niquet, administratrice du centre socioculturel de la Blaiserie. Et le problème est global. Les associations caritatives, qui redistribuent les surplus des grandes surfaces et de l’industrie agroalimentaire, constatent toutes le même phénomène.

Salariés et bénévoles des deux épiceries se sont rapprochés de Bénédicte Bonzi, anthropologue et auteure du livre La France qui a faim. Créer un groupement d’achat fait partie des pistes envisagées, tout comme expérimenter la Sécurité sociale alimentaire au niveau local. L’idée ? 
Disposer d’un montant (autour de 150€ par personne et par mois) uniquement utilisable pour acheter des produits locaux de qualité auprès d’enseignes sélectionnées. « Une façon pour que tout le monde choisisse son alimentation sans être assisté et pour offrir un marché rémunérateur aux agriculteurs », 
peut-on lire sur le site securite-sociale-alimentation.org.

La Vienne bouillonne

Tout reste à faire. Mais ce genre de système a déjà fait ses preuves dans une trentaine de villes. Des expérimentations existent à Tours et Bordeaux. A Montmorillon, la MJC porte un dispositif semblable : Mont’chèque local. Une trentaine de familles en difficulté ont déjà reçu une sorte de ticket-restaurant à valoir notamment dans le magasin de producteurs March’équitable. Le montant dépend de la composition du foyer.

En principe, la Sécurité sociale alimentaire s’adresse à tout le monde et repose sur des cotisations proportionnelles aux revenus. Mais pour l’instant, les subventions publiques (locales ou d’Etat) sont indispensables aux porteurs de projet. Le député écologiste d’Indre-et-Loire, Charles Fournier, porte un texte de loi pour réserver un fonds de 15M€ à ces expérimentations.


Les rendez-vous 
de la rentrée

En attendant, dans la Vienne, le Collectif des dix maisons de quartier de Poitiers s’intéresse au sujet, ainsi que d’autres épiceries sociales. « On sent bien que cette question de société s’impose localement, c’est une volonté populaire à laquelle il va falloir répondre », relève Abdou Aouad. Le directeur adjoint du Local à Poitiers a été missionné par la Fédération des centres sociaux de la Vienne pour engager la réflexion sur « la démocratie alimentaire », cette fois au niveau départemental. Une enveloppe a été dégagée à hauteur de quatorze heures par mois pour la coordination de différents événements à venir.

Tous les acteurs de la « dignité alimentaire » ont rendez-vous le 16 septembre à la Blaiserie pour aller plus loin. Et déjà une autre date est annoncée comme un tremplin pour faire avancer cette idée : le 11 octobre et la célébration des 80 ans de la Sécurité sociale. L’occasion de rappeler les fondamentaux et d’imaginer l’avenir.

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