
Aujourd'hui
Après avoir enchanté les façades de toute l’Europe depuis plus de vingt ans, Jean-François Alcoléa a choisi Charroux pour poser son vidéo- projecteur. A la différence de sites renommés comme l’abbaye de Saint-Savin ou le donjon de Niort, l’histoire de l’ancienne abbaye de Charroux -dont il ne subsiste aujourd’hui que des vestiges- demeurait presque inconnue du grand public et de l’artiste. « Lorsque la commune a fait appel à mes services en 2021, elle ne m’a transmis que trois photos, raconte-t-il. Il a fallu que je plonge dans l’histoire de ce monument… et cela m’a très vite passionné. » Avec l’appui des archives de la Drac, du Centre des monuments nationaux et bien d'autres, trois années de recherches ont permis de reconstituer le prestigieux passé du site. Consacrée par Charlemagne, l’abbaye avait été édifiée sur le même plan que l’église du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Initialement, la projection devait se limiter au portail de l’abbaye, aujourd’hui partiellement masqué par une façade d’habitations. Mais à mesure que ses recherches avançaient, le scénographe a mis la main sur des éléments oubliés : plans anciens, motifs sculptés, trésor disparu. Autant de trouvailles qui ont nourri sa création. Pour donner vie à ce voyage, l’artiste s’est entouré d’une équipe talentueuse : graphistes, vidéastes et l’architecte Dominique Vidal -familier des lieux pour y avoir travaillé trois ans- ont réuni leurs compétences. Ensemble, ils ont conçu une expérience qui dépasse la simple restitution historique. Un spectacle sensoriel où la pierre devient écran, la lumière sculpte les formes et le son fait résonner les siècles. Une invitation à découvrir l’abbaye autrement, au cœur du bourg.
Face à l’ampleur du travail accompli, l’équipe ne pouvait se résoudre à voir son spectacle disparaître une fois l’été passé. Mais transformer une œuvre éphémère en rendez-vous durable relève d’un véritable défi. Pour y parvenir, Alcoléa & Cie a imaginé un dispositif unique en France : un mât de deux mètres portant un boîtier façonné sur mesure, refuge d’un vidéoprojecteur haute puissance, pilotable à distance et muni d’un système de climatisation. Dressée en plein cœur de l’espace public, cette sentinelle de lumière a dû franchir bien des remparts administratifs. « Ça a été un parcours du combattant, confie Jean-François Alcoléa. Nous avons travaillé main dans la main avec un bureau d’études et un cabinet d’architecte pour obtenir l’aval de la Drac et de l’Architecte des bâtiments de France. » Les démarches ont été longues… mais au bout du chemin, l’abbaye peut désormais renaître, chaque semaine, dans son plus bel apparat.
Les 5, 6, 19, 20 et 21 septembre à partir de 21h.
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