Dans la Vienne, les formations aux métiers du plâtre et de l’isolation attirent les jeunes et les moins jeunes en reconversion. Mieux vaut être consciencieux pour réussir. Les femmes y font leur place.
Mélanie Ardouin avait 29 ans
quand elle a décidé de changer de vie professionnelle.
« J’étais aide à domicile et j’ai eu un déclic en rénovant ma maison en famille. » Elle accroche particulièrement sur la pose de plaques de plâtre et l’isolation. Son grand-père, bricoleur hors pair, guide le chantier et lui montre les premiers gestes. Le reste, Mélanie va l’acquérir en contrat d’apprentissage, une semaine par mois au CFA des métiers du bâtiment, à Saint-Benoît, trois semaines en entreprise.
« Quand on est une femme, il faut avoir du caractère et disposer d’une bonne carrure aussi. » A
36 ans, Mélanie est aujourd’hui cheffe de sa propre entreprise AM plaquiste à Quinçay et ne regrette rien. « Je me suis sortie un bon salaire au bout de neuf mois, j’aime conseiller les clients. Il faut être assez débrouillarde pour parer aux surprises en rénovation, réfléchir avant d’agir. »
Quid des façadiers ?
Des salariés autonomes, c’est ce que recherchent en priorité les entreprises du secteur, selon Laura Deumier, formatrice dans le CAP métiers du plâtre et de l’isolation, au CFA de Saint-Benoît. « Ils apprennent à poser une ossature métallique, des cloisons en plâtre ou en brique, découvrent la thermique et les caractéristiques des isolants biosourcés ou non. Mais dans ce cas, la mise en œuvre se passe plutôt en entreprise », poursuit l’ex-plaquiste qui a visité récemment le fabricant d’isolant en paille Ielo à Bonneuil-Matours. Une soixantaine d’apprentis sont engagés dans ce parcours. Ensuite, ils peuvent apprendre l’art des moulures et des rosaces en CAP staffeur ornemaniste, continuer vers le brevet professionnel ou le bac pro Aménagement et finition du bâtiment proposé au lycée professionnel Mandela à Poitiers. Tous (il y a encore très peu de filles) décrochent un job rapidement.
Et l’isolation thermique par l’extérieur (ITE) ? La technique est si différente que ce ne sont pas du tout les mêmes diplômes. Au CFA, un module est dispensé aux apprentis en 2e année de brevet professionnel… peintre. La raison ?
Les salariés posent non seulement une structure isolante mais appliquent aussi un enduit spécifique. L’étape la plus délicate. Pas de quoi satisfaire néanmoins Cédric Murzeau. Le fondateur de l’entreprise du même nom, à Buxerolles, milite depuis quarante ans pour la création d’un véritable cursus de façadier. A défaut, il forme « surtout en interne grâce aux modules des industriels fabricants d’enduits ».
Le profil recherché ? Des gens « consciencieux avec l’esprit d’équipe ».