La brebis du Poitou star du salon

La race picto-charentaise de brebis « charmoise » sera, cette année encore, présente au Salon de l’agriculture. Il s’agit d’une race ancestrale, dont on redécouvre les qualités. Elle permet notamment de réaliser des économies de temps et d’argent.

Romain Mudrak

Le7.info

On ne la connaît pas assez. Et pourtant, la brebis charmoise est l’une des invitées régulières du Salon de l’agriculture (25 février au 4 mars). Cette année encore, elle y pointera le bout de son museau. 

Cette race régionale et ancestrale avait quasiment disparu de nos prairies. Elle refait peu à peu son apparition dans nos campagnes et obtient de nouveau les faveurs des éleveurs de la région. Le retour en grâce de la bête revêt des intérêts financiers. « Cette race possède de nombreuses qualités d’élevage, mais on ne les met pas assez en avant », constate Jean-Luc Braud, président de l’association « Charmoise nature », qui vient d’être créée dans la Vienne. 

Première constatation, la charmoise n’est pas difficile: orties, fougères ou herbes tendres, elle avale tout ce qui se présente à portée de dents. Et forcément, cela représente des économies en compléments alimentaires. « Là où une brebis ordinaire a besoin de 180 kg de nourriture de substitution, pour elle et son petit, une charmoise se contente de 50 kg. » Le prix de ces compléments a doublé en dix ans : de quinze centimes le kilo fin 90, il est passé à trente centimes aujourd’hui. Ces économies font monter la cote de popularité de l’animal. 

La charmoise remporte aussi haut la main le trophée de la rusticité. « Elles est moins sensible aux maladies et aux parasites », affirme Jean-Luc Braud. Et lors de l’agnelage, les brebis se débrouillent presque seules. « Les frais de vétérinaires et de médicaments sont largement réduits, confirme Flavien Pinault, éleveur à Brigueil-le-Chantre. La charmoise est vraiment avantageuse. »

« On gagne 25 % temps»
Ces qualités en font la race idéale pour Philippe Bocquet. Il élève une centaine de brebis charmoises à Saint-Léomer, en zone Natura 2000. « Je ne peux pas utiliser d’engrais ou de produits chimiques pour faire pousser de l’herbe, explique-t-il. La charmoise adhère tout à fait à ce cahier des charges, puisqu’elle est peu exigeante en nourriture. »

Philippe Bocquet est en fauteuil roulant. Ce handicap ne l’empêche pas de conduire son troupeau de charmoises. « Elles sont moins exigeantes en soins et sont plus faciles à mener. On gagne 25% de temps. » Des avantages qui gomment certains inconvénients. La charmoise ne donne qu’un petit par an quand d’autres se revèlent plus « prolifiques ». Qui plus est, cette race est à croissance lente. « On l’élève à la manière d’un coureur de fond plutôt qu’à celle d’un sprinteur », déclare le président de «Charmoise nature». Cette race n’est donc pas la mieux placée dans la course à la productivité. « Mais c’est comme pour les poules élevées en batterie ou au grain, démontre Jean-Luc Braud. La qualité, on la sent dans l’assiette. » Car il faut être réaliste. Après avoir gambadé gentiment dans les champs, l’agneau a de grandes chances de finir en gigot. Charmoise ou pas. 

Combien d’élevages dans la Vienne ?
Aujourd’hui, dans la Vienne, il existe cinq élevages de pure race charmoise répertoriés à l’établissement départemental de l’élevage. Ce qui correspond à environ six cents brebis. Mais on compte aussi près de vingt cheptels (soit environ deux mille brebis) non inscrits au contrôle de performance.  Aujourd’hui, dans la Vienne, il existe cinq élevages de pure race charmoise répertoriés à l’établissement départemental de l’élevage. Ce qui correspond à environ six cents brebis. Mais on compte aussi près de vingt cheptels (soit environ deux mille brebis) non inscrits au contrôle de performance.  

À lire aussi ...