Professeur de philosophie à l’UFR des Sciences humaines de Poitiers, Jean-Claude Bourdin animera la réunion organisée jeudi au Toit du Monde.

Nicolas Boursier

Le7.info

«Même si j’étais invité, je n’irais pas, car ce serait reconnaître la pertinence de ces réunions de propagande.» Jean-Claude Bourdin est catégorique. Le débat initié par le gouvernement n’a d’autre raison d‘être que celle de l’accaparement politique. Le prof de philo boudera donc les rassemblements préfectoraux.

Pour autant, il ne refuse pas l’idée du dialogue. « Fondamentalement, explique-t-il, l’identité nationale est un sujet intéressant. Mais le débat est encore trop passionné, parce que le sujet sensible de l’immigration lui est, selon moi, encore trop souvent associé. Tout ceci me renvoie à ce vieux slogan «La France, ou tu l’aimes, ou tu la quittes.» Et ça me gêne.»

Mille et une façons d’être Français

Jean-Claude Bourdin affiche clairement sa position. Jeudi, à l’invitation du Toit du Monde, il parlera à cœur ouvert. De nos origines. De nos références historiques, culturelles, familiales. De notre drapeau, de nos habitudes alimentaires. D’un échange qui ne « doit être ni figé ni formatif ». «Le cœur du débat proposé, c’est finalement de se convaincre qu’il n’y a pas une identité nationale, mais plusieurs identités nationales. Il y a mille et une façons d’être Français, comme il y en a mille et une d’être Russe ou Libanais. Pour moi, être Français est un état de fait, qui renvoie à des aspirations et des repères totalement personnels et variables d’un individu à l’autre».

Si Jean-Claude Bourdin avoue un certain chauvinisme… devant le sport, à la télé, il ne revendique pas de vraie flamme patriotique. « Parce que cela ne veut pas dire grand-chose, argue-t-il. Combien de «Français de souche» connaissent réellement les valeurs de la République, l’Histoire de France, les piliers de la démocratie ? Comment peut-on dès lors faire référence à quelque chose que l’on ne maîtrise pas ? Les candidats à la naturalisation en savent souvent plus que nous sur ces soi-disant fondements citoyens et populaires.» Et si être Français ne revenait pas à se montrer fier d’être soi-même ? Tout simplement.

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