Scooters made in Poitiers

Créateur de la marque « IMF », Eric Pineault a développé dans tout l’Hexagone la commercialisation de cinq modèles de petits scooters à la qualité soignée, fabriqués en Chine. Avant le printemps, l’ancien patron de Gauffreteau espère sortir de sa propre chaîne de production, à Nieuil-L’Espoir, son premier « bébé » made in Poitou : le « Ptio ».

Les 3 000 m2 de son repaire nieuillois résonnent de ses trépignements depuis moins d’un an. C’est là, aux portes de Poitiers, dans une usine désaffectée exposée aux assauts du temps, qu’Eric Pineault fourbit les armes de sa reconquête. Le tour du propriétaire est effectué au pas de charge, épousant l’effervescence d’une vie en mouvement perpétuel. A 45 ans, Eric Pineault ne s’offre que peu de répit. Pour lui, aller de l’avant est plus qu’une devise, il s‘agit d’une vraie religion, d’un antidote à l’immobilisme. Depuis cinq ans, c’est sa bouée de sauvetage. « Lorsque j’ai constaté que le marché était saturé de concurrents étrangers, je me suis dit qu’il fallait voir ailleurs ce qui s’y faisait. Voilà comment j’ai atterri en Chine. »
Nous sommes en 2007. La célèbre concession Gauffreteau de Poitiers, dont Eric est l’heureux propriétaire depuis 1995, est l’un des principaux porte-étendards de la marque Peugeot en France. Après des années de vaches grasses, les ventes de scooters subissent un gros coup de frein. Le boss doit réagir. Dans les allées d’un grand salon international, il fait ami-ami avec des Asiatiques. Quelques semaines suffisent à le convertir à la nécessité d’un voyage vers l’Empire du Milieu. L’idée de la diversification a germé et ne tarde pas à se concrétiser dans la création d’une marque propre : Importation Mécanique France Industrie (IMF).
Des usines de Shanghaï, trois cents scooters estampillés « IMF » sortent la première année, comblant le vide occasionné par la rupture de contrat avec Peugeot. « Nous sommes passés à mille en 2011 et à deux mille cette année », sourit Eric. Dans le même temps, les concessions « IMF» se déploient comme une immense toile d’araignée sur le territoire national. Elles sont deux cents à ce jour, en France métropolitaine et outre-Mer. La PME de sept personnes a plus que jamais l’air d’une grande.

Le Ptio plébiscité
Depuis un an, Eric Pineault a troqué Gauffreteau et la couronne poitevine pour les grands espaces de Nieuil-L’Espoir. Ses affaires en Chine sont toujours florissantes, avec cinq modèles déclinables en plusieurs versions, importés sur commande.
L’entrepreneur poitevin pourrait s’en contenter. Mais sa soif d’entreprendre est plus forte que la satisfaction du devoir accompli. Son rêve se cristallise désormais dans la fabrication, en local, de son propre scooter. Il n’a jamais été aussi proche de son but. « J’ai la chaîne de production, les hommes pour la faire fonctionner, les certifications ad hoc… J’espère pouvoir me lancer avant la fin de l’hiver. »
Tout droit sorti de son imagination, le « Ptio » -c’est le nom de baptême de ce petit bijou d’esthétique- a été présenté en exclusivité lors du dernier salon de Cologne, plus gros rassemblement planétaire du deux-roues. Plébiscite général ! « Si j’avais pu les fabriquer sur place, j’en aurais vendu quatre mille en une semaine », rigole Eric Pineault.
Russes, Turcs, pays du Maghreb (…) sont tombés sous le charme de ce petit 50 cm3 au carénage innovant de bois, mais modulable dans une large palette de matériaux et de coloris. Eric a hâte de combler leur désir. Et de montrer qu’un « artisan du Poitou » est capable de conquérir le monde. Au pas de charge. Fidèle à sa religion de l’avancée constructive.

Le « Ptio » sera commercialisé à 890€. Plus d’infos sur www.imf-industrie.com