Racisme à Vitalis : les langues se délient

Un usager du réseau Vitalis a déposé plainte au commissariat des Trois-Cités pour discrimination raciale, à l’encontre d’un conducteur. Une autre affaire est en cours entre deux personnels roulants. Vigilante, la direction de l’entreprise a lancé des « formations sur les différences culturelles ».

Arnault Varanne

Le7.info

Le 29 janvier dernier, Badara Seye devait se rendre, en bus, au collège Théophraste-Renaudot de Saint-Benoît. Il avait rendez-vous avec le gestionnaire de restauration de l’établissement, pour discuter d’un emploi de second de cuisine. Las… Le Poitevin est arrivé là-bas avec plus d’une demi-heure de retard et a du coup raté son entretien. La faute, selon lui, à un conducteur de bus du réseau Vitalis, qui l’aurait « volontairement » induit en erreur, en lui intimant de « descendre de son bus ».

Son témoignage complet, M. Seye l’a consigné dans une plainte pour discrimination raciale, enregistrée au commissariat des Trois-Cités. Il a également contacté Vitalis pour se plaindre du comportement de « l’indélicat » personnel roulant. « Je ne veux pas en rester là. D’autant que j’ai retrouvé ce monsieur en empruntant une autre ligne. Je l’ai interpellé et il m’a rétorqué : « Je ne parle pas aux étrangers ! » »

Le conducteur nie les faits

Le parquet de Poitiers dira s’il instruit ou non la plainte de M. Seye. En tout état de cause, l’intéressé compte sur son avocat, Me Ignace Ounda-Meybi, et le comité local de SOS Racisme pour appuyer sa demande de réparation. « C’est le premier cas, s’il est avéré, qui nous est rapporté, indique Cheikh Diaby, son président. Nous suivons évidemment cette affaire de très près… » Jean-Pierre Guilloteau aussi. Le responsable d’exploitation de Vitalis a rencontré le plaignant et ne nie pas « certains comportements déviants » parmi les personnels roulants. « J’ai interpellé le conducteur incriminé, qui nie les faits. Il faut laisser la police et la justice mener leur enquête. » Un conducteur a eu plusieurs rappels à l’ordre.

« Nous serons impitoyables »

Une autre affaire de discrimination raciale embarrasse la régie des transports publics. Après les attentats du 13 novembre, un chauffeur d’origine algérienne a retrouvé un petit « mot doux » dans sa boîte à lettres professionnelle. Avec la mention « Rentre chez toi, sale arabe… ». Lui aussi a porté plainte contre l’un de ses collègues -depuis en arrêt maladie-, confondu par les caméras de surveillance. Et l’affaire devrait connaître un dénouement judiciaire. « Si les faits sont avérés, cela peut aller jusqu’au licenciement, admet Jean-Pierre Guilloteau. Là-dessus, nous serons impitoyables. Chacun doit laisser ses idées à la porte de l’entreprise. Nous avons d’ailleurs lancé des formations de deux jours sur les différences culturelles. La population de Poitiers a évolué, est plus hétérogène. Nos agents doivent avoir un comportement digne et respectueux vis-à-vis de tous les publics. » Pas de déni donc, mais une vigilance particulière à Vitalis, y compris dans les relations entre conducteurs.

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