Vétérinaires et associations  comme chiens et chats

Les conventions liant les associations de protection animale aux vétérinaires seront bientôt interdites. Exit les tarifs de soins avantageux ! Alors que les abandons de chiens et chats ne cessent d’augmenter, l’inquiétude grandit

Romain Mudrak

Le7.info

Une mauvaise nouvelle est tombée sur les épaules d’Isabelle Remblière Lacaille et de son Ecole du chat libre, à Poitiers. A partir du 31 mars, les associations de protection des animaux comme la sienne ne pourront plus signer de convention avec les vétérinaires. Une question de libre concurrence. Or, ce genre d’accord leur permettait jusque-là d’accéder à des tarifs beaucoup moins élevés que le grand public pour les stérilisations et les tatouages. De l’ordre de 30% environ, selon les prix (libres) appliqués par les cliniques.

« Celui qui adopte un chaton verse 100€ à l’Ecole du chat libre et nous lui fournissons un bon à donner au vétérinaire partenaire lorsque l’animal est en âge d’être stérilisé et tatoué, explique Marie-Jo Aubugeau, vice-trésorière. Mais progressivement, les cliniques refusent ces bons. Les nouveaux propriétaires doivent payer le prix normal. Pour l’instant, nous prenons en charge le complément, mais nous ne pourrons pas continuer bien longtemps. » De surcroît, les conventions couvraient également les soins réguliers des chats malades et la stérilisation des chats remis en liberté. Sans oublier les examens de santé et les vaccins obligatoires pour chaque chat recueilli...

Des conséquences sur les adoptions
Cette dépense, qui représentait déjà plus de 89 000€ en 2017 pour 350 chats, risque désormais d’exploser. La question sera au cœur de la prochaine assemblée générale de l’Ecole du chat libre, le 24 mars. Et de bien d’autres structures certainement. Car ce problème concerne toutes les associations qui jouent un rôle semblable. Depuis début janvier, au refuge poitevin du Secours et protection des animaux (SPA), les salariés ont décidé de procéder à l’identification et aux vaccins en interne. Mais pour la castration, le passage chez le vétérinaire reste incontournable. « Adopter un animal abandonné coûtait globalement moins cher jusqu’alors. C’était un sérieux coup de pouce pour les associations. Nous espérons que cela ne limitera pas les adoptions », relève Caroline Langlois, bénévole en charge de la communication. Avant de préciser qu'"il n'est pas question que le refuge procéde à des euthanasies. Il n'y a aucun débat, aucun questionnement sur le sujet". Le SPA a procédé à 1 372 adoptions en 2017 et étudie une évolution possible de ses tarifs.

Avril et mai sont traditionnellement marqués par la multiplication des naissances, donc des abandons. A quelques semaines de cette échéance, les associations s’inquiètent. Dans la Vienne, quelques vétérinaires « engagés » ont délibérément choisi de maintenir le rabais existant. Mais ils ne pourront évidemment pas absorber le flux de chiens et de chats adoptés chaque année. De son côté, Marie-Jo Aubugeau a déjà annoncé la couleur : « Mon vétérinaire ne verra plus mon chien, mes trois chats et mon lapin. Il a perdu une cliente. Je ferai désormais appel à ceux qui soutiennent les associations. »

 

À lire aussi ...