Baisse de la DGF : des maires en colère

Mauvaise surprise pour un peu plus de 150 communes de la Vienne, qui voient baisser les dotations que leur verse l’Etat. Déjà contraints de se serrer la ceinture sous le précédent quinquennat, les maires concernés s’étranglent de colère.

Steve Henot

Le7.info

Pour 155 des 274 maires de la Vienne, c’est la douche froide. Mercredi 11 avril, ils apprenaient que la Dotation globale de fonctionnement (DGF) versée chaque année par l’Etat était revue à la baisse. « Un coup de poignard » pour Jean-Claude Boutet, maire de Saint-Georges-lès-Baillargeaux.

 

Sa commune est parmi les plus impactées du département : elle perd 218 484 €, soit un quart de la dotation. Même histoire à Bonnes, qui se voit retirer 117 005 €. Alors qu’ils avaient déjà voté le budget, les élus sont aujourd’hui dans l’obligation de revoir leurs projets. « La commune n’est pas endettée grâce à une gestion de rigueur, ces dernières années. Mais aujourd’hui, on ne sait plus quoi faire ! », fulmine Jean-Claude Boutet, qui avait programmé d’importants travaux de voirie.

 

La situation est d’autant plus mal vécue que le Président de République avait assuré, le 12 avril dernier, que les dotations des communes rurales, en 2018, « ne baissraient pas d’un centime ». Certes, l’enveloppe globale, au niveau national, est restée stable. Mais la répartition au cas par cas présente des écarts « monstrueux » entre les communes. L’augmentation de la DGF de Poitiers, d’un peu plus d’un million d’euros (+ 4,35%), passe mal auprès de plusieurs élus. « Elle est inacceptable car elle est injustifiable », a réagi Yves Bouloux, sénateur LR de la Vienne.

 

 

« Je n’ai jamais connu un tel scandale »

 

Comment en est-on arrivé à de telles disparités sur le territoire ? « C’est une conséquence de la recomposition de la carte intercommunale, qui a entraîné des changements, à la hausse ou à la baisse, de la valeur du potentiel financier des communes en 2018 », explique Philippe Laurent, secrétaire général de l’association des maires de France. Les fortes baisses de la DGF toucheraient ainsi les communes moyennes ayant vu leur « potentiel » augmenter. « Comme nous sommes entrés dans Grand Poitiers, nous sommes désormais catalogués comme une ville riche… », déplore Serge Cousin, premier adjoint au maire de Bonnes.

 

Le désarroi est profond parmi les maires concernés par cette baisse. Et la confiance envers l’Etat plus que jamais entamée, après un précédent quinquennat au régime sec. « Je me demande si l’on ne doit pas remettre les clés de la mairie à la préfète, souffle Jean-Claude Boutet. Je suis élu depuis 1977, maire depuis 1989 et je n’ai jamais connu un tel scandale. » Pour Yves Bouloux, c’est même « un jeu de massacre territorial ».

 

A ce jour, aucun dispositif n’est prévu pour atténuer ces effets. Fusionner des communes ? Peu de maires l’envisageraient. « Pour que la fusion fonctionne, il faut qu’elle soit de gré », indique Alain Pichon, nouveau président de l’association des maires de la Vienne. Certains élus ont déjà fait savoir qu’ils souhaitaient négocier avec la préfecture et, surtout, avec Grand Poitiers. « Il va falloir qu’une vraie solidarité se mette en place, espère Jean-Claude Boutet. Il ne peut pas y avoir un tel déséquilibre entre les communes. » Si elle n’a aucun pouvoir direct sur la répartition de ces dotations, la communauté urbaine réfléchirait à des mesures pouvant être prises dans le cadre de ses compétences. Des rencontres avec les maires concernés vont avoir lieu cette semaine et devraient ainsi permettre de dégager des solutions.

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