Freddie Mercury impressionniste

Avec Bohemian Rhapsody, Bryan Singer signe une biographie ambitieuse. Le film sonne juste lorsqu’il dépeint la légende du rock, il convainc moins sur le portrait de l’homme Freddie Mercury.

Claire Brugier

Le7.info

Il fallait oser, Bryan Singer l’a fait. Avec Bohemian Rhapsody, le réalisateur d’Usual Suspect et X-Mens’attaque à la légende Queen et à son iconique chanteur Freddie Mercury. En plein conscience et avec la volonté palpable -peut-être un peu trop- d’être exhaustif, il brosse un portrait impressionniste du chanteur du mythique groupe de rock anglais.

Par petites touches excentriques, émouvantes, parfois pathétiques, il dépeint la personnalité complexe du petit bagagiste parsis d’Heathrow devenu rock star. Il filme tour à tour le personnage public, fantasque, et l’homme seul, perdu dans ses contradictions et qui parle à ses chats. Il promène sa caméra entre les back stages sulfureux d’une carrière en pleine ascension et des appartements feutrés, déco années 80’s.

Bryan Singer chauffe la salle, en quelque sorte, au risque d’effleurer la légende et de dépouiller de sa profondeur le personnage de Freddie Mercury. Les dialogues, souvent faiblards, sont compensés par le jeu des acteurs et la photo plutôt réussie… lorsqu’elle ne tombe pas dans la facilité de reflets dans les lunettes ou de flous pas vraiment artistiques.

Pendant une grande première partie, le réalisateur bringuebale le spectateur d’une ambiance à l’autre. Pire encore, il le sevre de musique en lui donnant à picorer des scènes d’enregistrement en studio, par ailleurs jubilatoires. Mais où est donc la promesse du titre, Bohemian Rapsody ? Celle de deux heures et quart de Queen plein les oreilles, de rifles de guitare à n’en plus finir et de « Mama, just killed au man » déchirant ? Patience... Le meilleur est à venir. Il survient comme un remord, paradoxalement lorsque la belle machine Queen se détraque. Les dernières minutes sont galvanisantes. On sort en fredonnant.  « Show must go on ! »

Biopic de Bryan Singer avec Rami Malek, Gwilym Lee, Joseph Mazzello, Ben Hardy, Lucy Boynton (2h15)

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