Mendès-France remet nos pendules à l’heure

Faim, sommeil, cycle féminin... Malgré tous nos efforts pour maîtriser la nature, notre vie est rythmée par une multitude d’horloges biologiques. Idem pour les plantes et les animaux. L’Espace Mendès-France explique le phénomène dans sa grande exposition Clock, visible jusqu’au 3 mai.

Romain Mudrak

Le7.info

Connaissez-vous l’histoire de Michel Siffre ? En 1962, ce scientifique passionné de spéléologie a vécu -volontairement- pendant deux mois dans un gouffre à cent mètres de profondeur, sans montre ni contact avec le soleil. Quand il est ressorti, le « cobaye » était décalé de vingt-cinq jours avec la réalité. Cette expérience a marqué l’étude des rythmes biologiques en démontrant notamment que le cycle veille-sommeil chez l’être humain était davantage généré par le corps que par son environnement.

Au fil des siècles, l’Homme a développé des technologies qui lui ont donné l’illusion de maîtriser le temps. Force est de constater pourtant que le tic-tac d’autres horloges s’impose à nous. Le cycle féminin bien sûr. Mais aussi le fameux rythme circadien qui dure environ vingt-quatre heures. Au cours de cette période, notre corps va passer du stade éveillé à celui du sommeil, il va avoir faim, mais il va aussi subir tout un tas de micro-bouleversements. « Ce rythme est régi par des facteurs endogènes, internes à notre organisme, tels que le renouvellement des cellules et la production de protéines, mais aussi exogènes comme la lumière du jour », explique Fred- die-Jeanne Richard, membre du laboratoire Ecologie et biologie des interactions à Poitiers(*). Tous ces éléments sont synchronisés par une grande horloge centrale baptisée Noyaux Supra Chiasmatiques (NSC) et située dans l’hypothalamus.

A contre-temps
Le problème, c’est que vouloir s’affranchir de nos rythmes biologiques entraîne des conséquences irrémédiables sur notre santé. Cela paraît évident, c’est de plus en plus vérifié. Des études tendent à prouver que les symptômes de l’obésité et du diabète notamment sont renforcés par cette désynchronisation. Sans parler de la lumière des écrans qui maintient notre corps éveillé « à l’insu de son plein gré ». A contrario, certains médicaments seraient plus efficaces selon l’heure de journée à laquelle ils sont administrés. On appelle cela la chronothérapie. Clock les horloges du vivant, point fort de la nouvelle saison de l’Espace Mendès-France, le démontre. Avec en outre un focus sur les rythmes des plantes et des animaux. Elaborée par l’Association recherche théâtre’mouvement de Saint-Etienne, elle est visible jusqu’au 3 mai.

(*)Elle animera une conférence sur les rythmes du vivant le 12 février, à 20h30.

Hibernation ou hivernation ?
On utilise facilement un mot à la place d’un autre. Et pourtant, l’hibernation et l’hivernation sont deux phénomènes bien différents. Dans le premier cas, les animaux s’endorment très profondément durant la mauvaise saison. Leur température baisse et tous les rythmes (cardiaque, respiratoire...) ralentissent. « Certains animaux abaissent l’ensemble de leur métabolisme de 98%. Ils se retrouvent donc à 2% de la mort », soulignent les auteurs de l’exposition. C’est le cas de la marmotte ou du hérisson. Le sommeil des animaux « hivernant » est plus léger. L’ours noir peut ainsi sortir profiter du soleil mais il ne mange et ne défèque pas. Pour l’anecdote, des chercheurs américains viennent de lancer une étude sur des grizzlys pour trouver le « déclencheur physiologique » de l’hivernation. Appliquée à l’Homme, cette léthargie pro- longée pourrait servir à la conquête spatiale et au secteur médical.

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