A la Gloire de Marcel Pagnol

Avec Marcel et Monsieur Pagnol, Sylvain Chomet offre un biopic animé à la fois humble et ambitieux sur l’un des monuments de la littérature et du cinéma français. Il cherche à ranimer la mémoire d’un homme à travers le prisme de l’enfance, de la création et du doute. Une réussite.

Charlotte Cresson

Le7.info

Nous sommes en 1956 à Louveciennes, en banlieue parisienne. Marcel Pagnol est à l’apogée de son succès mais, depuis quelques temps, l’auteur et cinéaste marseillais est en proie à une dépression. L’homme a perdu sa fille Estelle, âgée de 3 ans, a arrêté le cinéma et peine à remplir les théâtres. Il accepte alors la proposition d’Hélène Lazareff, fondatrice du magazine Elle : écrire ses mémoires sous la forme de courtes nouvelles. L’auteur voit ainsi émerger le « petit Marcel », un avatar enfantin qui vient l’aider à plonger dans ses souvenirs… Ce procédé de dialogue entre l’homme mûr et l’enfant qu’il fut installe d’emblée un ton oscillant entre réel et rêve, restitution biographique et imaginaire. Aux commandes, Sylvain Chomet, réalisateur connu pour Les Triplettes de Belleville ou L’Illusionniste, apporte sa patte graphique. Les décors sont minutieux et les plans richement détaillés pour un rendu mêlant à la fois récit du passé et liberté de l’imaginaire. Grande nouveauté chez Chomet : Marcel et Monsieur Pagnol est un film parlant. A notre grand soulagement d’ailleurs, il faut bien l’avouer. Car visionner un film sur l’auteur marseillais sans entendre l’accent du sud et les cigales aurait été quelque peu décevant. Le choix de ne pas retracer strictement l’enfance (déjà bien racontée par La Gloire de mon père, Le Château de ma mère et les autres) se révèle également judicieux. Chomet préfère en effet explorer « comment Marcel devient Pagnol », selon ses propres mots.  Le film évoque ainsi des temps forts comme ses débuts dans le théâtre, son arrivée à Paris, l’irruption du cinéma parlant, l’essor des studios ou encore les relations avec les acteurs… de façon peut-être un peu trop linéaire. Mais qu’importe. Malgré quelques ralentissements et un fil dramaturgique parfois léger, Marcel et Monsieur Pagnol séduit par sa sincérité et sa poésie. Il ne révolutionne pas le genre du biopic animé, mais il réinvente l’hommage en plaçant Pagnol en sujet de ses propres souvenirs et rappelle aussi que l’on ne cesse jamais d’être façonné par nos origines. Il y a néanmoins peut-être un risque… Celui de vouloir relire l’intégralité des souvenirs d’enfance de l’écrivain. « Je suis né dans la ville d'Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers. » Vous connaissez la suite… 

Biopic de Sylvain Chomet avec les voix de Laurent Lafitte, Géraldine Pailhas, Thierry Garcia (1h30).

DR

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