Petit journal d’une confinée pas toujours très fine. Jour 3

Chaque jour, la rédaction donne carte blanche à une Poitevine confinée comme les autres. Une quarantenaire en « quarantaine », dont la plume vous accompagnera au cours des prochaines semaines.

Arnault Varanne

Le7.info

J’ai froid dans le dos, mais rien à voir avec ma température. Effarée, et alors que la France connaît une situation inédite, je découvre avec plus de détails les propos ubuesques de Mme Buzyn dans Le Monde. Après l’écœurement, je me dis qu’on assiste là à une chute en plein vol et je suis presque incrédule devant tant de rebondissements. Je me surprends à ressentir de la tristesse pour la principale intéressée, qui est pourtant elle-même à l’origine de cette énième tourmente au sein de l’exécutif. Dans le même temps, je m’interroge : comment une rédaction peut-elle décider de créer un tel choc ces jours-ci ? C’est une fois de plus sidérant.

Je crains un instant que cela prenne la place sur l’urgence qui nous mobilise tous, mais je me rassure en me disant que le personnel hospitalier restera responsable quoi qu’il arrive. Ce jour 3 est également le jour où je décide de reprendre le contrôle des choses. Dès la mi-journée, je stoppe les émissions ou écrits en intraveineuse, autant que faire se peut. J’ai toujours été animée par le développement personnel, spirituel diraient certains. Je décide donc de me remettre dans cette voie copieusement piétinée ces derniers temps. Je ne veux plus céder à la sinistrose ou à la panique en suivant un fil d’actualité aux airs de fin du monde. Terminé ! Je me lance le défi de moins penser à l’annonce de cette nouvelle vague du Covid-19. Je sais ce que ce ne sera pas forcément facile, surtout quand je pense à mon proche, seul, dans un pays qui ne prend pas les mesures préconisées. Mais je ne veux pas continuer à m’inquiéter de la sorte, pour moi comme pour les miens. C’est contre-productif, alors je me raisonne.

Je reprends aussi le chemin de la nourriture saine. Depuis deux jours, par flemme et une irrépressible envie de sucre, je mange des crêpes à tous les repas, enfin plutôt quand j’ai faim. J’ai honte. Vite faites, vite avalées. La pâte à tartiner, même sans huile de palme et biologique, est aussi de la partie. Décidément, tout part en quenouille ces derniers jours et cela n’est pas étranger à ma fatigue.

Alors que ma poêle termine de tourner les dernières galettes du reste de potion qui m’a nourrie ces derniers temps, je sursaute. Mon détecteur-incendie se met à sonner ! Tellement encore obnubilée par mes pensées négatives, je ne me suis même pas rendu compte de toute la fumée générée par la fabrication des crêpes que je veux loger dans mon congélateur en cas de fringales sucrées. On ne sait jamais, si un coup de mou montrait le bout de son nez … Comme si ce genre de stress était à rajouter. Alors là, bravo, c’est le pompon, ma belle ! A partir de ce jour, la potée de légumes sera de nouveau ma meilleure amie.

Le Jour 2

 

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