Produits locaux : en voiture !

Privés de marchés, les producteurs locaux et leurs clients peuvent à nouveau se retrouver autour du « drive fermier » mis en place par la Ville de Châtellerault. Le succès est au rendez-vous.

Laurent Brunet

Le7.info

Vitre ouverte et livre sous les yeux, Françoise attend patiemment son tour. Devant elle et plus encore derrière, la file est longue. En ce mercredi, jour d’ouverture, le « drive fermier » mis en place par la Ville de Châtellerault a drainé boulevard Blossac un flot de voitures, pour la plupart des nostalgiques des marchés hebdomadaires. « C’est très bien, mais je préférais mon marché, glisse avec malice Françoise derrière son masque en tissu. Normalement je vais le mardi, le jeudi et le samedi aux Halles, je rencontre des amis, je papote… » Gestes barrières obligent, le drive se révèle plus solitaire.

Une autre Françoise, à quelques voitures de récupérer ses légumes, est contente de retrouver des produits locaux. « J’aime mieux. D’habitude au marché, je prends tout ce que je peux, les fruits, les légumes, les fromages… » Idem pour Virginie, une autre Châtelleraudaise qui, privée de l’Amap où elle se fournissait, s’était rabattue sur le marché. Là voilà désormais au drive. « C’est une initiative très intéressante », reconnaît-elle.

« J'ai dû embaucher deux personnes »

Tandis que leurs clients attendent confortablement assis, les producteurs ne comptent pas leurs pas. Maraîcher installé à Ouzilly, Julien Angoumois a commencé, au début du confinement, par mettre en place « un service de livraisons à domicile » avec Benoît Drodz, producteur de pommes, son voisin d’étal sur le marché des Halles. Mais il se pourrait qu’ils arrêtent les livraisons pour faire face aux commandes nombreuses qui ont suivi le lancement du drive. « C’est énormément de travail de conditionnement, il faut compter deux jours pleins pour faire les paniers. J’ai dû embaucher deux personnes. » Le maraîcher ne se plaint pas, pas davantage que Paule Parca, de la ferme de Fonteveille, très impactée par le confinement. « Certains clients faisaient le marché et passaient ensuite à la ferme acheter des fromages. » Il n’y a pas que cela. « Les grandes surfaces ne nous ont pas soutenus. Or, nous sommes en pleine période de production, les chevreaux viennent de naître… »  Le drive  est arrivé à point nommé, comme pour Hélène Cornuau, des Herbes Folles, qui propose d’ordinaire « du pain, de la gâche et du cochon » tous les samedis sur les marchés des Halles et Châteauneuf. Cela représente 30% de son chiffre d’affaires, complétés par 30% en Amap -« en baisse de moitié »- et le reste dans le magasin à la ferme. « Nous avons mis en place des points de vente dans d’autres fermes mais ce drive est une belle initiative. Cela nous permet de retrouver des clients de l’hypercentre qu’on avait perdus, souvent des personnes âgées. »

Même des « anciens » du marché, comme le fromager Patrick Rocher sont venus prêter main forte pour l’organisation. Et ils ne sont pas de trop ! Ce qui était au départ « une solution pour permettre aux producteurs habituellement présents sur les marchés de Châtellerault d’écouler leurs stocks » pourrait prendre de l’ampleur. « Les demandes d’autres producteurs affluent, nous envisageons d’ouvrir de nouveaux créneaux », confie Julia Kurnikowski-Terrien. La directrice du service Economie et Entreprises de la Ville voit même au-delà. « C’est peut-être l’occasion de tester un drive de producteurs qui pourrait être pérennisé et professionnalisé après la crise. » A suivre…

Renseignements et modalités de commandes sur chatellerault.fr et les réseaux sociaux de la Ville de Châtellerault. Prochain drive ce vendredi de 16h à 19h.

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