Médecins : la Vienne gère ses fragilités

La Vienne n’est pas à proprement parler un désert médical. Mais les autorités veillent à une répartition équitable des généralistes et spécialistes sur le territoire. Un enjeu d’équilibre et d’égal accès aux soins.

Arnault Varanne

Le7.info

Le saviez-vous ? Le Départe- ment compte aujourd’hui un peu plus de 400 médecins généralistes, dont 46% ont plus de 55 ans. La Vienne se situe bien au-delà de la moyenne nationale avec 85,3 praticiens pour 100 000 habitants (78,6%). Ces « bons » chiffres ne sauraient masquer une forte disparité. « Des zones posent difficulté », reconnaît Maryline Lambert, directrice de la Caisse primaire d’assurance maladie de la Vienne. Sans surprise, le nord (Loudun, Les Trois-Moutiers et Availles-Li- mouzine) et le sud-Vienne (L’Isle-Jourdain et Montmorillon notamment) connaissent des pénuries, malgré la mise en place au fil des ans de maisons de santé pluridisciplinaires. Il en existe aujourd’hui vingt-et-une. Mais il ne suffit pas de créer un bâtiment pour que les moyens humains suivent. Avanton en a fait les frais en 2017.

« Les maisons de santé ne sont pas juste des éléments d’attractivité, abonde Maryline Lambert. Elles doivent aussi et surtout servir à coordonner l’exercice autour des pathologies chroniques. Car ce qui désorganise le système, c’est l’accès aux soins non programmés de patients plus âgés... » En clair, la patronne de la Caisse primaire d’assurance maladie ne s’inquiète pas de la démographie médicale. « Je le serais s’il n’y avait pas de projet, de dynamique. Or, il y a des dispositifs mis en place. » C’est notamment le cas des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), dont l’une est « bien avancée » dans le Châtelleraudais. L’objectif consiste à mieux cerner le profil de la population d’un territoire pour adapter l’offre de soins.

Le confinement bon pour la ruralité

Un autre dispositif, plus ancien celui-là, est porté par le Département qui, depuis 2009, propose des bourses aux étudiants en médecine et futurs dentistes pour les inciter à s’installer là où les déficits sont les plus criants. « Soixante-trois en ont bénéficié et vingt-trois se sont installés », remarque Anne-Florence Bourat, conseillère départementale en charge des Politiques de santé. Depuis 2015, ces aides sont élargies aux kinés et aux orthopho- nistes. Là aussi, l’effet de levier n’est pas négligeable. Mais le Conseil départemental va plus loin depuis l’année dernière, avec la mise en place d’aides à la primo-installation : 8 000€ d’indemnité forfaitaire, jusqu’à 30 000€ pour les dentistes dont « les investissements sont très lourds ». Trois généralistes, un kiné et une orthophoniste se sont emparés de la mesure. Reste qu’Adriers cherche toujours à recruter un jeune médecin, qu’un dentiste est désespérément attendu à L’Isle-Jourdain, que les dermatologues, psychiatres, cardiologues et autres ophtamologues partent en retraite sans successeur... Des « petites annonces » comme des appels au secours que l’épidémie de Covid-19 va, paradoxalement, promouvoir. « L’attrait de la campagne et d’une douceur de vivre sont réels. Cela peut pousser des professionnels de santé à se tourner davantage vers la ruralité. Les plus jeunes le disent de plus en plus », confirme Anne-Florence Bourat.

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