Bernard Cornu : « Je veux faire réussir Audacia »

Ancien adjoint au maire de Poitiers en charge de l’Urbanisme (2008-2020), Bernard Cornu est depuis peu président d’Audacia. Une association d’aide aux plus fragiles dont il souhaite accompagner la structuration à tous les niveaux.

Arnault Varanne

Le7.info

Difficile de commencer l’entretien sans parler politique. Avec un peu de recul, comment analysez-vous la défaite de la liste emmenée par Alain Claeys ?
« D’abord, on ne s’y attendait pas du tout. A titre personnel, c’est une déception, un sentiment d’injustice car nous avons bossé toutes ces années. Et puis il y a du jour au lendemain l’impression d’un grand vide. Je me réveillais tous les matins avec un tas d’emmerdements en tête, de trucs à résoudre. Tout s’est arrêté net. Au plan politique, ce ne sont pas des ennemis qui ont été élus. Je partage avec eux un certain nombre de valeurs. Ils ont gagné, c’est le jeu démocratique normal. Je souhaite qu’ils réussissent pleinement. Maintenant, on a une divergence profonde sur l’attractivité de Poitiers et Grand Poitiers. En résumé, j’ai des craintes mais je ne suis pas amer. »

Quels reproches vous faites-vous collectivement ?
« Le plus étonnant est de ne pas comprendre pourquoi c’est arrivé. La période a été particulière avec la Covid-19, trois mois entre le premier et le second tour, une forte abstention... Ces questions sont sans réponse rationnelle. J’estime qu’on a fait avancer Poitiers, je ne pense pas qu’on ait raté quelque chose en particulier. Un vent de jeunisme ? Il y avait aussi des jeunes dans notre équipe. »

Comment avez-vous été amené à vous asseoir dans le fauteuil de président d’Audacia ? 

« Christian Martin et Jean-Claude Servouze (anciens présidents, ndlr) ont souhaité me rencontrer pour me proposer le poste. Je ne m’y attendais pas du tout. J’y ai réfléchi. Et il se trouve que je partage les valeurs d’Audacia. La clé de la vie en société est résumée dans le premier article de la Déclaration des Droits de l’Homme : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droit. » Toute ma vie, politique et associative(*), j’ai fait en sorte de le respecter. »

Un premier contact assez mémorable

Votre premier souvenir ou « contact » avec Audacia a été orageux en 2011. Vous pouvez nous raconter ? 

« Je me suis retrouvé à l’époque dans une réunion publique que je co-présidais en tant qu’adjoint à l’Urbanisme. Les riverains n’étaient pas très contents de l’implantation du Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) des Herbeaux. Je m’en souviens bien, c’était assez cuisant ! »

Audacia s’occupe aujourd’hui de l’accueil de migrants, vient en aide aux femmes victimes de violences, gère une douzaine d’établissements sur trois départements, emploie 200 personnes. Que comptez-vous lui apporter ?
« Je pense déjà pouvoir être utile dans cette mission. Audacia a un spectre d’activités très large, avec une vraie logique et une complémentarité entre les pôles. L’association a connu une telle croissance en trois ans qu’elle a besoin de se consolider à tous les niveaux. Nous avons des progrès à faire en termes de partenariats. Audacia n’est pas non plus une association d’utilité publique, il faut travailler là-dessus, remobiliser aussi le comité d’éthique... Je veux la faire réussir. »

(*) Il a été maire de Saint-Martin-le-Vinoux, à côté de Grenoble, vice-président de l’agglo, et engagé au sein d’Amnesty International, de l’Unesco...

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