Immobilier : les notaires « aux premières loges »

Présidente de la Chambre des notaires de la Vienne et des Deux-Sèvres, Isabelle Decron-Lafaye constate les effets du reconfinement sur les transactions immobilières et les liens familiaux.

Arnault Varanne

Le7.info

Au même titre que les agents immobiliers et les banques, ils sont incontournables dans le processus de vente et d’achat d’un bien. Depuis mars, les notaires vivent au rythme de la pandémie, tributaires des transactions qui s’opèrent... ou pas. « 60% de notre activité est liée au droit immobilier », balise Isabelle Decron-Lafaye. Comme tous ses confrères, la présidente de la Chambre des notaires Vienne-Deux-Sèvres constate les dégâts de la pandémie au plus près. « Dans les études, les salariés seront occupés jusqu’à fin novembre. Au-delà, nous serons obligés de redemander du chômage partiel. Pas ou peu de visites signifient moins de dossiers, donc moins de compromis et moins de ventes », déplore la professionnelle.

Après un post-confinement printanier presque euphorique, avec « un véritable engouement pour des territoires comme la Vienne et les Deux-Sèvres », l’activité a sérieusement ralenti. Le resserrement des conditions de prêt joue à plein (cf. p.9 et 10), tout comme la peur de l’avenir, palpable « depuis quinze jours-trois semaines ». « La crainte du lendemain est palpable. Les particuliers, comme les professionnels, mettent un coup de frein à leurs projets. J’ai quelques clients qui ont préféré faire machine arrière et annuler leur compromis. On sent que l’engagement fait peur, notamment pour des salariés qui travaillent dans des secteurs en tension. »

Vers une 
dématérialisation totale

D’un point de vue pratique, les notaires attendent « d’un jour à l’autre » la remise en place du principe de la « comparution à distance », qui permet de dématérialiser les procédures. « Cela avait bien fonctionné au printemps, témoigne Isabelle Decron-Lafaye. La signature physique dans les études doit rester l’exception, contraintes sanitaires obligent. » Si elle loue la réactivité des banques dans la période, la présidente des notaires du Poitou s’inquiète en revanche des « dégâts psychologiques » engendrés par la crise sanitaire. D’abord sur les salariés des offices, peu enclins au télétravail. Ensuite sur le grand public. Divorces, séparations, suicides liés à l’isolement ou à des situations familiales difficiles, faillites... Le reconfinement va laisser des traces bien visibles.

Dans la tempête, « les confrères ont été exemplaires avec un vrai sens du service public ». Et Isabelle Decron-Lafaye de conclure : « On a quand même hâte que cette année inédite s’arrête ! » Pas sûr cependant que 2021 offre un visage radicalement différent, notamment le premier semestre...

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