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Combien de réunions, de meetings politiques, de luttes ont pris racine ici, derrière les murs défraîchis de l’auguste façade du 21, rue Arsène-Orillard, à Poitiers ? Dans ses premières recherches, Patrick Chatet a déjà recensé 3 600 articles de presse publiés jusqu’en 1951. Autant de traces visibles de l’activité de la Maison du peuple, inaugurée les 27 et 28 juin 1931, en présence du secrétaire général de la CGT, Léon Jouhaux. Lequel donnera plus tard son nom à la salle qui fait face à l’entrée dans la cour principale(*). Dans les ailes de l’ancienne école, la CGT, la CFDT communication, la CFE-CGC, la CFTC et la Spaseen FO 86 composent la Bourse du travail.
Maison du peuple et Bourse du travail font « partie du patrimoine de Poitiers » rappellent les membres de l’Institut de l’histoire sociale de la CGT. Ils ont donc constitué depuis quelques mois un collectif de syndicalistes, de chercheurs et d’universitaires pour commémorer l’inauguration de la Maison du peuple. Les instigateurs du projet planchent sur la création d’une exposition, d’une conférence publique et d’un documentaire de quinze à vingt minutes. « C’est un témoignage, presque un devoir de mémoire que nous voulons laisser », appuie Patrick Chatet.
Si l’Institut d’histoire sociale de la CGT tient tant à faire aboutir ce projet mémoriel, c’est que le glorieux passé des lieux ne lui garantit pas un avenir limpide, notamment en raison de la vétusté de certaines parties. L’amphi de la salle Léon-Jouhaux est par exemple inutilisable. « Ici, nous ne sommes que locataires, rappelle Patrick Chatet. La précédente municipalité portait un projet de réhabilitation du bâtiment. L’actuelle nous parle d’une Maison des citoyens. Mais ce ne serait pas pareil... » Renseignements pris, la maire Léonore Moncond’huy doit « rencontrer prochainement les syndicats » logés à la Bourse du travail pour envisager la suite.
Ironie de l’histoire, la première Bourse du travail de Poitiers a eu son siège dans les locaux de l’hôtel de ville. C’était en 1897. Quatre ans après, le 5 mai 1901, les syndicats ouvriers ont migré vers la rue du Doyenné, avant d’établir leurs quartiers trois décennies plus tard rue Arsène-Orillard. « Dans les années 30, les Poitevins connaissaient trois lieux : l’hôtel de ville, la préfecture et la Maison du peuple. Tout un symbole à préserver, surtout que peu de villes regroupent une Bourse du travail et une Maison du peuple », conclut Patrick Chatet.
(*)La salle Timbaud a, elle, vu le jour en 1971. Si vous avez des documents, photos, cartes postales, vous pouvez contacter l’IHS à l’adresse ihsvienne@gmail.com.
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