Les étudiants interrogent Frédérique Vidal « en présentiel »

La ministre de l’Enseignement supérieur est venue ce mardi à la rencontre des étudiants poitevins pour répondre de vive voix aux courriers qu’ils lui avaient adressés, à l’initiative de l’Afep. Frédérique Vidal s’est appliquée à apporter une réponse à toutes les questions.

Claire Brugier

Le7.info

Frédérique Vidal tenait à leur répondre « en présentiel ». Mardi 26 janvier dernier, encadrés par l’Afep, les étudiants du campus de Poitiers lui avaient écrit leur mal-être, leurs doutes, les interrogations. La rencontre, initialement prévue le 12 février, avait dû être annulée à cause d’un brutal épisode de verglas. Ou plutôt reportée. Ce mardi, dans le jardin de la préfecture, une quarantaine d’étudiants de toutes les filières sont venus porter la parole d’une génération inquiète auprès de la ministre de l’Enseignement supérieur. A toutes les questions, nombreuses, elle a tenté d’apporter une réponse, consciente que « rien n’est parfait ni idéal ». Extraits.

Précarité - « Nous faisons des propositions pour répondre à chaque type de précarité, pour une prise en compte de tous les étudiants, nationaux et internationaux, boursiers et non boursiers », a insisté la ministre. Concernant la précarité menstruelle, elle a annoncé la mise en place dans quelques semaines de distributeurs de protections hygiéniques, avec comme objectif « 1 500 distributeurs à la rentrée et la gratuité complète ». Le budget alloué à cette mesure est estimé à 15M€ par an. Concernant l’aide psychologique, elle a rappelé qu’elle était accessible à tous mais devait « s’inscrire dans un parcours de santé ». Côté alimentaire, elle a rappelé les dispositifs existants, mis en place par les Crous. « Tant qu’il y aura des demandes, nous les financerons », a assuré la ministre. Interrogée sur la question d’un RSA étendu aux moins de 25 ans, « ce n’est même pas ce que souhaitent les étudiants. Personnellement, lorsque j’étais étudiante, j’ai travaillé tous les étés et  pendant les vacances et j’en avais une forme de fierté. Cela fait partie de l’autonomie et de la construction ».

Décrochage - Si « le premier confinement a été compliqué », a constaté la ministre, « nous avons travaillé tout l’été pour préparer une rentrée espérée en présentiel. Ma plus grande angoisse était de devoir constater un décrochage aux examens. Mais la baisse n’a pas excédé 3% par rapport au même trimestre l’an passé ». 

Présentiel - « Evidemment, l’idéal serait au minimum 50% de présentiel mais nous avons fait le choix d’un protocole robuste, avec 20% de présentiel. » Parce qu’ils ont pris le pli du distanciel, décroché ou rendu leur appartement, seuls 40% des étudiants ont répondu présent. Pour en toucher davantage, « nous travaillons avec la Région sur des transports gratuits ou à très faible coût. La question sera de savoir, dans le cas d’un retour en présentiel, si nous devrons garder un fonctionnement hybride pour les étudiants qui ont rendu leur appartement ».

Parcours Sup - « Nous avons créé des places à la demande. Nous avons notamment ouvert des milliers de places en soins infirmiers, de nouvelles places dans des formations supérieures spécialisées… Et nous avons accentué notre soutien à l’apprentissage. Nous prévoyons 25 000 à 30 000 places supplémentaires à la rentrée. L’an dernier, sur les 700 000 bacheliers, 500 étaient restés sans orientation. Même si cela reste toujours 500 de trop, ils étaient 1 000 l’année précédente… »

Stages - A une étudiante en Gestion des territoires et développement durable qui constatait que seuls 25% de sa promotion avaient trouvé un stage, la ministre a répondu par des chiffres : 900 000 stages dans l’enseignement supérieur, une baisse de 30% en 2020 « rattrapée par la prolongation jusqu’au 31 décembre de la période pour effectuer son stage », qui a fait baisser le chiffre à -15%. Par ailleurs, « en 2020, 70% des stages ont été suivis d’une embauche en CDI ou CDD long, un chiffre identique aux années précédentes. » Et d’ajouter : « Vous avez tenu dans vos études pendant cette période de Covid. En termes de compétences, d’épaisseur humaines, il faudra que vous n’oubliiez pas d’en parler à vos recruteurs. Le monde socio-économique est très conscient de ça », a assuré la ministre.

Enquête sur l’islamo-gauchisme à l’université - La question était inévitable. Sur la question de l’enquête qu’elle a demandée au CNRS sur l’islamo-gauchisme dans l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal a répondu fermement : « Je suis professeure d’université, je suis convaincue de l’importance de pouvoir rechercher ce que l’on veut, de la liberté académique et de l’importance d’avoir une pensée plurielle et des discussions contradictoires. Le reste n’est que procès d’intention. »

En conclusion - « Je ne laisserai jamais dire que les étudiants sont responsables de quelque chose, mais ils sont responsables. Vous comprenez la complexité de la situation », a lancé la ministre à ses jeunes interlocuteurs, après avoir échangé dans le calme.

Une tout autre ambiance l’attendait à l’extérieur de la préfecture, où quelques dizaines d’étudiants, aux cris de « Vidal démission ! » et « Les jeunes dans la galère, les vieux dans la misère, de cette société-là, on n’en veut pas  ! » ont accueilli son départ.

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