Par tous les Chemins

Françoise et Michel Coutant ont découvert les Chemins de Saint-Jacques de Compostelle par curiosité. Depuis, ils replongent tous les ans dans cette aventure à nulle autre pareille.

Claire Brugier

Le7.info

L’appel n’est pas nécessairement religieux, ni même spirituel. Françoise et Michel Coutant ne sauraient vraiment expliquer ce qui les guide chaque année sur l’un des Chemins de Saint-Jacques de Compostelle, si ce n’est une envie irrépressible de chausser leurs godillots et, sac de 10kg sur le dos, de marcher par monts et par vaux comme tant d’autres pèlerins. « La première fois, nous voulions voir si nous étions capables de le faire physiquement », explique Michel. « C’était pour la connaissance de soi », complète son épouse. 


Par curiosité, le couple de Brux s’est donc rapproché de l’association des Amis des Chemins de Compostelle, à Poitiers. Les deux anciens coureurs, voire marathonien pour Michel, ont pris le temps de la réflexion, six mois, jusqu’au départ le 1er juin 2015, suivi de cinquante-six jours de marche jusqu’à la cité la plus célèbre de Corogne, en Espagne. Depuis, ils portent discrètement autour du coup une petite coquille en argent. « Il n’est pas nécessaire d’être sportif », rassure Françoise. « C’est un chemin de liberté, de partage et de convivialité, renchérit Michel. On va tous dans le même sens. On peut faire 15km un jour, 
32 le lendemain... Chacun va à son rythme. » Eux ont trouvé le leur, 4,5 à 5km/h, avec un départ dès potron-minet, « toujours entre 6h du matin et 7h », précise Michel. « Voir le soleil se lever et entendre les oiseaux qui se mettent à chanter, c’est un régal », ajoute Françoise. Mais, pour cela, « il faut que votre sac devienne votre ami et il faut chérir ses pieds ! ».


Nouveau départ


Après la voie de Tours, Françoise et Michel ont exploré celles du littoral, de la Plata, d’Arles. En 2019, ils ont fait une petite entorse à leur pèlerinage fétiche en empruntant la voie Francigena jusqu’à Rome. 2020 aura été une année blanche mais le 
30 avril, date anniversaire de leurs quarante-cinq ans de mariage, ils vont repartir de Vezelay, une credential vierge en poche, pour faire le plein de partage et d’émotions. « On ferme le calendrier jusqu’en septembre ! », assène Michel. « On se laisse du temps pour sortir du temps, renchérit Françoise. Lorsque l’on part, on est prêts. Prêts à s’ouvrir aux autres, prêts à sourire… ». 
« Et puis, reprend son mari, le vêtement du pèlerin abat toutes les cloisons, on marche à côté d’un avocat, d’un agriculteur, d’un chirurgien… On est tous des humains. » 


La perspective de ce nouveau départ, avec cette fois-ci pourquoi pas un retour à pied, trotte au quotidien dans leurs têtes. Les Chemins de Saint-Jacques sont devenus leur moment privilégié. « Parfois, nous marchons à quelques mètres l’un de l’autre, chacun dans sa bulle, mais nous sommes en wi-fi continuel, lancent-ils, complices. Entre nous il n’y a pas de zone blanche. » En attendant le jour J, en tant qu’hospitaliers, ils vont accueillir les pèlerins à la halte jacquaire de Poitiers(*). Une évidence. « Nous redonnons ce que le chemin nous a donné. »


(*) La halte jacquaire de Poitiers, 10, rue du Général-Demarçay, va rouvrir ses portes le 15 mars. Contact : 07 69 33 06 33.

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