Madagascar : Fanatenane à l’âge adulte

Fondée en 1996, à Saint-Benoît, l’association Fanatenane continue de venir en aide aux jumeaux rejetés par leurs familles à Madagascar, dans la région de Mananjary. Gérard et Eliane Bouffet mesurent le chemin parcouru.

Arnault Varanne

Le7.info

Les coutumes ont la vie dure dans la perle de l’océan Indien. Sur la côte sud-est de Madagascar, deux ethnies perpétuent une tradition aussi morbide qu’incompréhensible, qu’on pourrait résumer ainsi : la malédiction des jumeaux. Malheur aux femmes qui vivent des grossesses gémellaires. Leurs enfants sont ainsi abandonnés à la naissance, exclus... « Lorsque nous avons adopté nos enfants là-bas, cela nous a révoltés », rapportent Gérard et Eliane Bouffet. Depuis un quart de siècle, le couple de Sancto-Bénédictains se bat ainsi pour héberger ces quasi-orphelins, les éduquer, les nourrir et, le cas échéant, favoriser le retour dans leur famille. Ils ont fondé Fanatenane le 31 mai 1996.

Depuis, près de 280 enfants ont été pris en charge par la Maison d’accueil construite à Mananjary, avec le soutien d’acteurs locaux mais aussi et surtout de Poitevins. Aujourd’hui, l’association compte 400 membres à travers la France, 150 parrains, des antennes à Amboise et Bordeaux, mène des opérations régulières en brousse avec comme mission de sensibiliser les habitants à l’hygiène... Bref, le travail initié par Gérard et Eliane Bouffet a abouti à la naissance d’une vraie petite ville autour du centre social et médical Marie-Christelle. Une école maternelle, un centre de soins, une chapelle, une petite ferme et même un jardin potager ont vu le jour au cours des deux dernières décennies, avec 56 salariés malgaches pour surveiller quelque 
85 enfants.

« Sur la voie 
de l’autonomie »

Grâce à la générosité des donateurs, Fanatenane planche depuis trois ans sur « la formation des enfants les plus grands. Notre but est de leur donner un métier, abonde Gérard, qui est né et a grandi à Madagascar jusqu’à ses 12 ans. Nous nous sommes tournés vers un projet agricole, avec un centre de formation pour les jeunes qui leur permettra de gagner leur vie ». Un château d’eau et du matériel agricole sont en service depuis 2019. Bref, « Fanatenane Madagascar est sur la voie de l’autonomie », se réjouit Eliane.

Evidemment, la Covid-19 a contrarié les plans de tous les bénévoles de l’association, qui réalise en général « deux missions médicales et techniques par an ». Laurette Henault a participé à plusieurs d’entre elles. « En général, on est très attendus ! », témoigne l’infirmière à la retraite. Les liens entre la Vienne et « Mada » sont évidemment très forts. A titre d’exemple, Eric Icher se rend tous les ans sur place pour former ses collègues pompiers malgaches. Un véhicule réformé du Sdis rend de fiers services à Mananjary. Pandémie oblige, Fanatenane ne fêtera pas ses 25 ans dans l’immédiat mais se rappelle au bon souvenir de ses donateurs. « Sans parrainage, on est KO », conclut Gérard Bouffet. L’entraîneur de la boxeuse Mélanie Mercier a le sens de la formule !

Fanatenane - 38, route de Poitiers - 86 210 Saint-Benoît - Tél. 
05 49 44 93 80 - fanatenane.fr - contact@fanatenane.fr.

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