La vie n’a pas de sens, par Pascal Pérennès

Le Regard de la semaine est signé Pascal Pérennès.

Arnault Varanne

Le7.info

Depuis des siècles, le progrès va du rural vers l’urbain. Depuis un an, on cherche davantage une maison à la campagne (avec du réseau), qu’un super appart’ au cœur d’une grande métropole. Poitiers est à mi-chemin : ce n’est plus une capitale régionale, mais elle conserve « de beaux restes », tel le Palais des Comtes où je verrais bien un festival de théâtre historique pour ce site historique. Entendre déclamer des textes majeurs dans l’atmosphère de cette salle des Pas perdus, la transformerait en un bel écrin propice à la communion d’une écoute commune… C’est un choix.

Dur de s’extraire de cette première crise mondiale. Partageant l’interrogation du professeur émérite Bruno Latour, pour nous projeter je reprends sa question extraite du n°57 de l’Observatoire : « Quelles modifications faut-il apporter à nos institutions pour capter le caractère tout à fait révolutionnaire- mais aussi tragique- de la situation que nous vivons ? »

Je ne sais pas. La vie n’a pas de sens.  La notion de jour de dépassement, date à laquelle les humains commencent à être en dette par rapport à ce que la planète peut fournir, existe depuis bientôt un demi-siècle. Et avec ce que l’on vit depuis un an, il serait peut-être temps d’en tenir compte, non ?  Je ne sais pas si je reprendrais un jour l’avion…  Comment vont faire les 2 153 milliardaires possédant 60% des richesses mondiales (dixit l’Oxfam) pour gagner encore plus sur notre dos et sur celui de la planète ? Je m’attends au pire… 

Comment les démocraties vont-elles survivre ? Aussi bien avec ces minorités possédantes, encore uniquement dans le dogme capitaliste et financier, qu’à l’inverse face aux quelques irresponsables incapables d’un minimum de respect des mesures sanitaires. Il est étrange que la gestion de la pandémie devienne, à ce point, pire que la pandémie elle-même. La vie n’a pas de sens. Et la démocratie ? Pour relativiser, voici un extrait de « Pré », une pièce de théâtre en cinq actes et en alexandrins que j’ai écrite à mes débuts :

La vie n’a pas de sens. Comment en aurait-elle ?
Pratique et théorie ne sont pas sœurs jumelles,
Ne le seront jamais. C’est à la fois un drame
Et puis en même temps c’est ce qui fait leur âme.
Tout vient de cette distance qu’entre les deux il y a.
Heureusement qu’elle existe, sinon nous ne serions pas.
La vie n’a pas de sens ; le fait d’en chercher un
Essaye de nous faire croire que nous ne sommes pas rien.
Sans contraste on ne voit pas, sans nuance on n’est pas
Essayons d’y penser lorsqu’on doit faire un choix.

 

CV express
Pascal Pérennès. 56 ans. Marié, trois enfants. Professionnel de la mise en œuvre d'une politique du cinéma pour une collectivité territoriale depuis vingt-trois ans. A écrit, produit et réalisé le moyen métrage OUI, sorti en 1995, premier volet d'un triptyque dont les deux autres volets s'intituleront NON et Peut-être...

J’aime : la vie, la Terre, les arts, serrer ma femme dans mes bras, Paul Valéry, le thé, accepter sa finitude, les parfums légers, Duke Ellington, les tomates, l'ironie (surtout picturale), les alexandrins et la Bossa Nova.

J’aime pas : les pubs radio, l’égoïsme, les extrêmes et, surtout, l'acceptation fataliste face aux vanités, à la cupidité et aux hypocrisies. Cette acceptation est désormais résumée dans différentes formes de déni vis-à-vis d'un monde bouleversé.

 

DR Sébastien Laval

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