La conciergerie de Saint-Sauvant bat la campagne

Déplacer un meuble, repasser du linge, arroser les plantes en cas d’absence... La conciergerie rurale de Saint-Sauvant, portée par l’association d’insertion SEI, est une boîte à solutions dans un monde rural sous-doté en services.

Claire Brugier

Le7.info

« Vous n’avez pas idée de tout ce qu’on peut faire pour vous ! Nous non plus d’ailleurs… » Sur le prospectus fraîchement imprimé, le slogan est accrocheur et ouvre tout un champ des possibles. La toute jeune conciergerie rurale de Saint-Sauvant, ouverte le 
12 avril, se propose de récupérer vos courses et de vous les livrer, de repasser votre linge, de vous aider à déplacer une armoire, d’arroser vos plantes, de nourrir votre animal de compagnie, de relever votre courrier, de remettre des granulés dans votre chaudière… La liste est extensible selon les besoins, dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres. Pour un peu, on déménagerait en Pays mélusin !

En portant en milieu rural un concept d’ordinaire plutôt réservé aux villes et des services inexistants ou disparus, l’association Solidarité Environnement Insertion (35 salariés dont 8 permanents) reste fidèle à son histoire. « SEI est une structure d’insertion par l’activité économique, rappelle la directrice Amélie Closse. Elle a été créée par les habitants, pour les habitants. » Jusqu’à présent, ses chantiers concernaient quatre domaines : le bâtiment, l’entretien des espaces verts, l’hôtellerie avec le gîte L’Aigail et la restauration avec le restaurant Ô Poirion !. Désormais, SEI porte également 
Ô Taquet, une entreprise d’insertion qui emploie trois salariés aux profils complémentaires, Florine Roulon, la cheffe d’équipe, Arnauld Legrand et Jordan Guerrero.

Bientôt pour les entreprises

« Début 2018, nous avons fait le constat que nous étions de plus en plus sollicités pour de petits services. On ne se voyait pas dire non aux habitants mais nous étions à la limite de nos attributions », résume Amélie Closse. Ainsi a germé l’idée d’une conciergerie rurale, qui a reçu le soutien de Grand Poitiers et de la Région. « Deux ans d’ingénierie de projet ont été nécessaires ! » Deux ans à prospecter, recueillir les retours d’expériences similaires, imaginer un positionnement stratégique et commercial, une tarification… Bref, construire un projet viable, à partir d’une « multitude de micro-services ». Pas question évidemment de faire de la concurrence aux acteurs économiques du territoire. « Notre vocation est de favoriser le développement local. En livrant par exemple les paniers des producteurs présents le vendredi soir sur le marché, ou de l’épicerie, pour permettre à des actifs qui rentrent tard de consommer local malgré tout. Et puis nous avons des outils sous-utilisés, constate la directrice. A partir du restaurant, nous pouvons développer une activité de traiteur. Idem pour le gîte, dont la blanchisserie est sous-exploitée. » Ô Taquet envisage déjà de se développer en direction des entreprises du territoire, pour la livraison de plateaux-repas mais aussi la collecte de paniers de linge, le lavage de véhicules… Là encore, la liste est non exhaustive. « Les qualités et les capacités de travail des salariés en insertion sont souvent négligées au profit de leur statut », déplore Amélie Closse. A Saint-Sauvant, voilà dix ans que l’on tord le cou aux préjugés, preuves à l’appui.

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