Et si on restait Chacun chez soi ?

Après Brillantissime, Michèle Laroque revient avec Chacun chez soi, une comédie sur le couple, la famille, les enfants... Ou comment, passé un certain âge et malgré l’amour, la cohabitation au quotidien tient du défi. Un film agréablement léger qui, avec l’expérience du confinement, prend une saveur toute particulière.

Claire Brugier

Le7.info

Chacun chez soi… Et les moutons seront bien gardés. Ou plutôt les bonnes relations familiales. Dans cette deuxième comédie signée Michèle Laroque (Brillantissime en 2018), l’humoriste, comédienne et réalisatrice explore le quotidien d’une famille ordinaire. Les deux filles sont sorties du nid, les parents ont appris à vivre sans elles et les repas de famille sont des carrefours animés où se croisent ponctuellement les chemins des uns et des autres. Et tout est bien ainsi. Mais lorsque qu’Anna et Thomas, son compagnon, sont gentiment mis à la porte de l’appartement que leur prêtait un ami, ils emménagent chez Catherine et Yann, les parents de la jeune femme. Pour le pire et le meilleur. Ça frotte, ça pique, ça grince, au risque de stresser les bonsaïs de Yann. Depuis qu’il a vendu son entreprise, le père de famille, un Stéphane De Groodt tendrement décalé, s’est pris de passion pour ces arbres à l’âge canonique. Ils lui permettent de s’extraire –en apparence tout au moins- des tensions ambiantes. Comme dirait Mylène, la confidente de Catherine, volcanique Laurence Bibot, « les enfants, c’est comme les cafards ». Elle conseille donc à son amie de les faire fuir par tous les moyens que l’amour autorise. La ficelle comique est connue (Sabine Azéma dans Tanguy) mais, servie par un casting sur mesure, elle fonctionne. Olivier Rosemberg est attendrissant de gentillesse et de faiblesse, Michèle Laroque et Stéphane de Groodt forment un couple toujours amoureux et Alice de Lencquesaing est criante de vérité. Voire criante tout court. Souvent convenues, les répliques font mouche et servent une comédie sans prétention mais agréable, que les passionnés de bonsaïs ne renieront pas.

Comédie de Michèle Laroque avec Michèle Laroque, Stéphane De Groodt, Alice de Lencquesaing (1h23).

 

Michèle Laroque  : "J'ai besoin de m'identifier"

Comment est né Chacun chez soi ?

« J’ai été sollicitée par Studio Canal, avec qui j’avais fait Brillantissime et qui avait un scénario et envie que je le réalise. Mais avec Stéphane Ben Lahcène, j’en ai fait une version qui me ressemble. Par exemple, j’avais envie que mon mari, joué par Stéphane De Groodt, soit un d’un peu décalé mais pas déprimé. Surtout je voulais raconter l’histoire d’un couple qui s’aime après plus de vingt ans de vie commune. »

Les dialogues sont criants de spontanéité…

« Personnellement, une comédie ne me fait pas rire si je n’y crois pas. Je fais des films que j’aimerais voir, sans essayer d’imiter ou de plaire. J’ai besoin de m’identifier. Je dirige les acteurs en ce sens. Il n’y a aucune improvisation, tout est écrit. Mais ils sont tous tellement vrais, je n’ai pas besoin de leur apprendre à être drôles. »

Que vous apporte la réalisation ?

 « Je ne savais pas que cela allait me plaire. Dans les films, j’ai l’impression de montrer la vie telle que je la perçois. Et cela m’amuse beaucoup de la voir sur grand écran !»

Votre vision de la vie ressemblerait donc plutôt à une comédie…

« L’humour aide beaucoup. Personnellement, quand il m’arrive des choses peu agréables, j’ai des idées drôles qui me viennent, cela m’évite de me sentir victime. »

Seriez-vous tentée par un autre genre que la comédie ?

 « J’ai vécu dans une famille où il n’y avait vraiment aucune perversité et, longtemps, je n’ai pas su que cela existait. Aujourd’hui encore, j’en connais les conséquences mais je ne sais pas ce qui se passe à l’intérieur. Or je veux filmer des choses vraies, de façon vraie. »

Vous faites partie du casting de ce film comme du précédent…

« Je suis très habituée à être actrice, cela me permet de sortir toute mon énergie. Dans Brillantissime, il y avait certaines scènes où je ne jouais pas, je me sentais horriblement impuissante, je bouillais ! »

Photo DR.

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