La colocation généreuse

Ensemble 2 générations met en relation des seniors disposant de grandes maisons vides et des étudiants à la recherche d’un logement pas cher. Ces colocations intergénérationnelles débouchent souvent sur de belles amitiés. Mais les seniors manquent à l’appel.

Romain Mudrak

Le7.info

Léa et Agnalys sont nées exactement le même jour, il y a vingt-trois ans ! L’autre point commun entre ces deux jeunes femmes, c’est qu’elles ont habité ensemble chez Bernadette pendant leurs études à Poitiers. Cette dame d’un certain âge, aveugle de naissance, leur a ouvert les portes de sa grande maison située à deux pas du campus. « Je n’aimais pas du tout vivre en ville et je ne me voyais pas rester seule dans un appartement, se souvient Léa, originaire de Loudun. En même temps, j’avais peur qu’une colocation avec d’autres étudiants m’empêche de rester concentrée sur mes études. J’arrivais à Poitiers pour préparer des concours. » La rencontre s’est effectuée grâce à Ensemble 2 générations. L’association propose des solutions de colocation intergénérationnelle à Poitiers. Agnalys cherchait un appartement pas cher, elle n’avait jamais entendu parler de cette solution avant qu’un copain de sa promotion ne lui fasse part de son expérience. « J’ai passé un test de personnalité pour connaître mon mode de vie et, ensuite, j’ai discuté pendant une heure avec Bernadette. On a tout de suite accroché, elle était comme ma grand-mère. »

Un coup de main
 à la maison

Les trois complices assurent ne s’être jamais disputées. « Bernadette nous a fait confiance, reprend Léa. On recevait les amis dehors ou dans le petit salon qu’on avait à disposition. Et si on souhaitait être au calme, on n’avait qu’à fermer la porte de la chambre. » Selon la formule choisie par les deux étudiantes, le loyer s’élevait à une centaine d’euros. Elles n’étaient pas obligées de rester le week-end et pendant les vacances, mais devaient toutefois rendre quelques services à leur hôte. « On faisait la vaisselle, un peu de ménage et on l’accompagnait pour faire des courses et aller chez le médecin, c’était plutôt facile », admet 
Agnalys. « Bien sûr, les étudiants ne sont pas auxiliaires de vie ou jardiniers », précise Odile Caisey. La présidente poitevine d’Ensemble 2 générations se charge bénévolement de recevoir les étudiants et les seniors avant de les mettre en relation. « Je prends le temps de connaître tous les petits détails qui peuvent les agacer afin de bien définir les règles dès le départ. » Problème, l’association manque cruellement de personnes âgées pour répondre à la demande. La faute en partie à la Covid. L’appel est lancé ! Seulement quatre binômes ont été constitués à Poitiers pour cette rentrée. Et pourtant, la recette fonctionne. Léa et Agnalys continuent d’aller voir Bernadette et elles s’appellent quasiment toutes les semaines. « On a beaucoup pleuré au moment de partir, alors on revient avec plaisir chez Bernadette le temps d’un goûter », conclut Léa.

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