L’élan de la chouette

Le Regard de la semaine est signé Angeline Socier.

Le7.info

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Le matin où j’ai pensé écrire cette chronique, un matin comme ceux que je vis depuis quelques mois maintenant, à écouter, regarder vivre la nature, je l’ai aperçue. Qui ? La chouette ! Elle habite ici, je me suis en quelque sorte installée chez elle… Notre présence a été acceptée, elle nous a adoptés. Chaque soir je l’attends et chaque matin elle m’accueille, ouvre ma journée. Cet oiseau m’inspire. Très jeune, je me suis dit : « Un jour j’aurai des chevaux, un jour j’aurai une chouette… ». Je ne savais ni comment ni quand et voilà que je suis là avec eux aujourd’hui. Ils ne m’appartiennent pas, bien sûr, tout comme ce lieu. Nous en sommes les gardiens, tout comme nous sommes gardiens de nos chevaux et de cette chouette, pour les préserver, leur apporter le meilleur. Et en retour, que m’enseignent-ils ? Apaisement, sérénité, beauté et apprentissage.

Aujourd’hui, la chouette m’a transmis ceci. Quand je l’ai vue perchée au-dessus des toits, elle a sauté dans le vide et s’est envolée. Pour qui ? Pour quoi ? Le sait-elle ? Je fais le lien avec nos vies, nous qui ne maîtrisons rien... et qui, pourtant, nous posons tant de questions avant de sauter et de prendre des décisions. La chouette se demande-t-elle si ses ailes vont la porter une fois le saut effectué ? Sait-elle où elle trouvera ce dont elle a besoin, là-bas peut être… ou un peu plus loin ?

Son petit corps rond est soutenu par l’amplitude de ses ailes dans l’air. Elle a une confiance absolue dans la propriété qu’elles ont de la porter, dans son instinct à la guider. J’ai envie de vous demander si vous seriez prêt à faire comme elle, sauter, voler en vous laissant porter par la confiance en vos ailes et en vos capacités. Si la chouette le fait, qu’est- ce qui freine l’humain alors ? Le cerveau joue des tours, il projette, imagine, calcule, instaure une peur de protection et arrête l’élan du cœur, qui vibrait déjà à l’idée d’un autre futur. Si vous incarniez cette chouette lorsque le besoin de choisir se présente ? Ce serait comment ?

Quelques semaines plus tard, j’ai vu la chouette sur le toit. Je lui ai dit de ne surtout pas tomber. Puis j’ai entendu le soir des battements d’ailes dans la cheminée du salon. C’était elle, je l’ai reconnue grâce à son chant. Nous avons entièrement démonté la cheminée, cassé les blocs de brique, démonté le marbre pour enfin atteindre cette petite boule recroquevillée qui attendait la mort. Enfin libérée et ayant repris ses esprits, elle s’est envolée. Je sais qu’elle continuera à garder ce lieu et à nous apprendre qu’il ne faut jamais perdre espoir ni renoncer.

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