Comment nos ados voient le monde et comment le réenchanter ?

Le Regard de la semaine est signé Agnès Szabo.

Le7.info

Le7.info

C’est un post sur un réseau social qui m’a donné envie d’écrire ce billet. Matthieu Ricard, moine bouddhiste et auteur, a écrit ce que je n’arrivais pas à formuler : « Je pense qu’il faut redonner de l’espoir et une image plus juste de la nature humaine ». Selon lui, la technologie, les réseaux sociaux et autres infos en continu « nous imposent une surdose de l’aberrant et du barbare ». Le monde nous apparaît de plus en plus comme « un puits de violence ».

La raison pour laquelle ce post m’a interpellée, c’est que la veille, lors d’un moment « chill » comme disent les jeunes, l’une de nos filles m’a avoué qu’elle souffrait d’anxiété face à ce monde au visage terrifiant, avec ses guerres, les ravages climatiques qui nous menacent, la violence faite aux femmes… Cela m’a peinée et mise en colère. Qu’une ado de 16 ans, supposée insouciante, exprime une telle angoisse, ce n’est pas normal !

A son âge, nous nous demandions comment faire le mur pour aller en boîte. Eux paniquent devant le spectacle d’un monde qu’ils voient au bord du chaos. Une énorme charge pèse sur leurs épaules, les poussant par exemple à se réfugier sur les réseaux sociaux pour échapper à un quotidien peu réjouissant.

Le nombre d’ami(e)s de mes filles souffrant de troubles sérieux (agoraphobie, anorexie, pensées noires…) fait froid dans le dos. D’après le Dr Naudet, médecin aux urgences pédo-psychiatriques au Kremlin-Bicêtre, cité dans un récent article du Monde(*), « depuis décembre 2020, les troubles flambent ».

Alors je défends l’idée de rendre son insouciance à la jeunesse. Comment ? J’ai suggéré à ma fille de trouver une action dans laquelle elle a envie de s’engager. Cela l’aidera peut-être à voir le monde plus positivement. Avec un groupe de lycéens, notre fille aînée avait entamé le bilan carbone du lycée Victor-Hugo. Pourquoi ne pas terminer le travail ? Pour réaliser, comme le dit Matthieu Ricard, qu’« on oublie la banalité du bien ».

Lors de notre voyage autour du monde, qui a duré un an, des centaines de personnes nous ont transportés, logés, nourris, soignés… avec bienveillance ou indifférence. Nous n’avons jamais eu peur ou été menacés. La bonté de l’humanité est l’une des grandes et inattendues leçons de ce périple. La vie est une aventure, certes, et ce ne sera pas rose tous les jours. Mais ayez confiance en elle, elle vous le rendra bien !

(*)Le Monde, 2 août 2021. 
 

CV express
Je suis installée à Poitiers depuis cinq ans, après un tour du monde avec mon mari et nos filles. La graine de la curiosité et de l’autre est bien enracinée depuis ma jeunesse en Afrique francophone et anglophone !Pour contribuer concrètement à demain, et avec mon expérience dans les métiers du marketing et de l’innovation, j’ai créé, avec Guy Etcheto, Daynamics, une entreprise qui accompagne les entreprises dans leur développement.

J’aime : comprendre et phosphorer autant qu’agir, la diversité, l’art sous toutes ses formes, la fantaisie, coincer la bulle en famille et avec les copains, parler anglais.


Je n’aime pas : l’idée que le monde se fracture, l’esbrouffe, le cynisme et le consensus mou qui débouchent sur l’inaction face aux enjeux de notre époque.

 

À lire aussi ...