Le marché 
automobile dans tous ses états

Depuis plusieurs mois, le marché de l’automobile est en pleine mutation. Si la pénurie des composants électroniques continue de perturber le neuf, et bientôt l’occasion, le segment de l’hybride et de l’électrique commence à tirer son épingle du jeu.

Steve Henot

Le7.info

Est-ce un effet de la hausse des carburants ? D’une conscience écologique plus prégnante chez le consommateur ?
 Ou de la pénurie de puces électroniques qui dure ? « C’est global », souffle Thierry Ondet. Comme beaucoup de ses collègues, le concessionnaire automobile Eco des Nations, à Migné-Auxances, observe un changement assez net dans les tendances d’achat depuis la rentrée. « On a vendu un gros volume de véhicules électriques depuis un mois, plus que de thermiques. » Cette percée sur le marché français dépasse les frontières de l’Hexagone. Pour la première fois, il s’est vendu en Europe plus de voitures hybrides, hybrides rechargeables et électriques que de voitures à essence, au troisième trimestre 2021. La Tesla Model 3
 s’est même classée en tête des ventes européennes en septembre, devant la Renault Clio (24 600 exemplaires contre 18 000, selon Jato Dynamics). Les aides et l’offre étendue des constructeurs portent aujourd’hui leurs fruits.


Neuf et occasion victimes de la pénurie

Pour autant, ce phénomène ne traduit pas d’éclaircie pour le marché du véhicule neuf, mis à mal depuis un an par la crise sanitaire. Les immatriculations ont encore reculé de 20,5% en septembre par rapport à septembre 2020, en France (source Autoways). C’est un peu moins vrai pour le marché de l’occasion (-11,3%), qui profite -a priori- des stocks réduits de voitures neuves du fait de la pénurie des composants. Pour preuve, la part de véhicules âgés entre 2 et 5 ans a bondi en septembre pour dépasser les 28%. Mais cette tendance peut-elle durer ? Pas sûr. Certains stocks de « jeunes occasions » sont épuisés et, faute de renouvellement des parcs, les prix de l’occasion commencent à flamber… Jusqu’à +7,7% en Bretagne ! « Ça va aussi poser problème pour les loueurs », craint Thierry Ondet. D’où l’intérêt de maintenir un marché du neuf dynamique.

C’est l’un des effets pervers de la pénurie de puces électroniques. La situation du marché du neuf ne devrait pas s’améliorer dans les prochains mois. Les stocks vont en effet peiner à se renouveler. « Ca a légèrement commencé au début de l’été. On devrait vraiment le ressentir à partir de décembre, estime Thierry Ondet. Je sais déjà que je n’aurai pas de voitures neuves au premier trimestre 2022. » Son produit phare, le Hyundai Tucson, ne sera par exemple livré qu’en avril. Et pourtant, la marque coréenne est l’une des moins affectées par la crise, l’une des rares à enregistrer une hausse des immatriculations (+33,11% en septembre, source AAA Data). « On n’est pas mieux loti chez MG, alors que les puces sont fabriquées en Chine ! » D’un constructeur à l’autre, les délais de livraison peuvent s’étirer de cinq mois à… un peu plus d’un an. Pour certains, 2022 pourrait donc ressembler à un long chemin de croix.


À lire aussi ...