Flamboyant West Side Story

L’histoire de Tony et Maria, c’est celle de Roméo et Juliette, on la connaît. Alors plus de deux heures et demie pour la raconter à nouveau… Steven Spielberg relève ce défi fou et donne SA version de West Side Story. Ebouriffante.

Claire Brugier

Le7.info

Mais que peut-elle donc bien chercher entre ces immeubles effondrés, livrés aux bulldozers ? La caméra s’envole, plonge, tourbillonne dans le vacarme d’un quartier en déconstruction. Upper West Side, New York, années 50. Soixante ans après Robert Wise, auteur d’une première adaptation cinématographique, Steven Spielberg s’empare sans complexe de West Side Story, monument du cinéma, référence de la comédie musicale, patrimoine mondial de l’imaginaire collectif ! Et, comme à son habitude, l’insatiable réalisateur américain fait les choses en grand. Galvanisé par la musique originelle et grandiose de Léonard Bernstein, il laisse sa caméra prendre le pouvoir pour réinventer West Side Story sans le trahir.

L’histoire, on la connaît. L’amour impossible de Tony et Maria, les Roméo et Juliette du New York des années 50, sur fond de guerre des gangs (les Jets et les Sharks), est voué à une fin dramatique. Dans cette version comme dans la première, le propos est ailleurs, politique (l’immigration, les luttes de territoire et de pouvoir, l’émancipation des femmes, le communautarisme…) et artistique. Steven Spielberg se repaît de ce double enjeu, grossit le trait, décuple l’énergie des acteurs (irrésistible Ariana DeBose en Anita) dans des chorégraphies efficaces qui se passent de mots (merci Justin Peck !). Il sature l’image de couleurs que la première version n’avait pas pour mieux offrir un conte chatoyant et intemporel où chaque nouveau plan est un tableau de maître. La caméra-démiurge tempête et souffle sur les deux bandes rivales, elle donne la réplique aux personnages, les frôle, les observe de bas en haut, les épie, prend souvent de la hauteur pour les laisser à leur condition de petits terriens. Quant au spectateur, elle le soulève dès les premières images et le dépose plus de deux heures et demie après là où elle l’avait cueilli, au milieu de murs ruinés, déboussolé et ravi.

Drame musical, de Steven Spielberg, avec Mike Faist, David Alvarez, Ariana deBose, Ansel Elgort, Rachel Zegler (2h37).

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