SOS Amitié maintient le lien

L’association SOS Amitié compte vingt-cinq écoutants bénévoles à Poitiers. Il en faudrait bien davantage pour répondre à la détresse et à la solitude des appelants, de plus en plus jeunes et nombreux. « Beaucoup n’ont personne à qui parler », témoigne Elsa.

Arnault Varanne

Le7.info

« Etre là pour l’autre. » Tout simplement. A l’autre bout du fil, confidentialité oblige, Elsa exprime en peu de mots ses treize années d’engagement au service de 
SOS Amitié. « Comme le colibri qui aide à sauver le monde, je fais ma part... » A raison d’un minimum de seize heures par mois, la Poitevine « d’un certain d’âge » tend l’oreille à ses contemporains. A Poitiers, ils et elles sont vingt-cinq à être en première ligne pour soulager les maux par les mots, avec « l’impression de pallier le manque de psychologues et de psychiatres ».

Dépression, stress, pensées suicidaires... La souffrance s’exprime sans filtre. Un chiffre ne trompe pas : la durée des conversations. De 15 à 20 minutes hier, jusqu’à une heure aujourd’hui. « On sent une montée des troubles psychiques dans les appels, les gens les évoquent clairement, 
témoigne encore Elsa. Par exemple, des malades stabilisés qui vivent seuls dans leur appartement ont besoin de s’exprimer. » Le tchat est très prisé des ados et jeunes adultes, eux aussi en souffrance. Les mots « seul », 
« peur » et « mourir » reviennent très souvent. Premier rempart du mal-être de la société, SOS Amitié a donc besoin de renfort.

« On est parfois touché »

« Il faudrait que nous soyons au moins une trentaine pour faire face à l’afflux d’appels (10 000 en 2020, 14 000 en 2021, ndlr) », embraie Sabrina, autre bénévole. La situation sanitaire n’arrange évidemment pas la situation, même si SOS Amitiés a assuré une continuité de service lors des premiers confinements, avec des écoutants à domicile. La mission est exigeante -au minimum 16 heures par mois, avec une permanence de 22h à 2h ou de 2h à 6h-, prenante et ne laisse évidemment pas indemne. « Il n’y a pas de recette unique, estime Elsa. Bien sûr qu’on est sensible aux difficultés des autres. On est parfois touché, mais il faut savoir rester à distance. »

« Pour être écoutant, il est nécessaire d’accepter toutes sortes de paroles », ajoute Sabrina. L’écoute active mais non directive inspirée de Carl Rogers a prouvé son efficacité. SOS Amitié a vu le jour en 1979 à Poitiers et une antenne ouvrira bientôt à Niort. A l’approche des fêtes, la mission de l’association est plus que jamais nécessaire, d’utilité publique même. 

SOS Amitié Poitiers - 05 49 45 71 71 - 09 72 39 40 50 - sos-amitie.com - sosamitie86@gmail.com.

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