Ces quartiers mal aimés

A Poitiers et Châtellerault, plusieurs quartiers souffrent d’une mauvaise réputation. Certains estiment cela injuste. Dans tous les cas, l’image influe sur la demande et donc les prix de l’immobilier.

Romain Mudrak

Le7.info

Dans le Top 3 des critères qui font choisir un quartier plutôt qu’un autre, la réputation arrive en bonne place, juste derrière l’accès aux services et aux commerces, selon Edouard Desvignes, responsable de l’agence ADP à Poitiers. L’image d’un quartier est souvent impalpable et loin de toute réalité rationnelle, mais voilà, en matière d’immobilier, elle influe sur la demande et donc sur les prix. « Il m’est déjà arrivé de vendre un appartement T3 avec deux chambres quasiment neuf dans un quartier à 110 000€, alors qu’à deux kilomètres de là, il aurait valu 150 000€ », assure l’agent immobilier. Ce qui fait une mauvaise image ? « En particulier, l’historique en termes de faits divers, on voit vite si on est dans un quartier à majorité résidentielle ou sociale. »

Du mal à revendre ensuite

A Poitiers, Saint-Eloi souffre particulièrement d’une image délétère. Bien sûr, le citer dans cet article ne fera qu’enfoncer le clou, mais de toute façon, le mal est déjà fait à en croire le président du comité de quartier, Philippe Valois : « Bien sûr qu’il y a des points de crispation à lever mais ailleurs aussi, ça m’agace de voir le quartier stigmatisé dans les médias. » Lui-même habite là avec sa famille depuis de nombreuses années. D’abord dans deux appartements puis dans une maison qu’il a fait construire. « J’ai toujours eu un regard très positif sur mon quartier et je pense que ceux qui le critiquent ne sont pas ceux qui y vivent. » La solution ? « Je crois beaucoup dans l’investissement des habitants pour améliorer leur espace de vie », souligne l’intéressé. 


Proche à la fois de la pénétrante vers le centre-ville et de la RN147, Saint-Eloi dispose d’une maison de quartier, d’un point France services et d’une médiathèque. Sans oublier une crèche, deux écoles, un collège et deux lycées, des commerces de proximité, un parc immense avec des jeux pour les enfants, des jardins partagés et les chemins du Breuil-Mingot pour les promenades du dimanche… Reste cette mauvaise réputation 
qui lui colle à la peau. « Certains seraient prêts à passer outre mais se disent qu’ils auront du mal à revendre », reprend Edouard Desvignes. Résultat, le prix au mètre carré est l’un des plus bas de Poitiers. D’autres quartiers connaissent une situation semblable. « Notre 
rôle est aussi de dédramatiser les choses. Je dis souvent à mes clients qu’on n’est pas dans une banlieue parisienne, ça reste très calme. » Pour autant, l’agent immobilier assure que beaucoup de clients se résignent à acheter plus petit pour habiter dans un autre quartier.

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