La délinquance sous les projecteurs

Le bilan de la délinquance dans la Vienne fait apparaître une baisse des atteintes aux biens mais une hausse des violences physiques en tout genre. En ville, des incivilités perturbent la tranquillité des habitants. En réaction, la police municipale joue la carte de la proximité.

Romain Mudrak

Le7.info

Si des faits divers sont évidemment rapportés chaque jour dans la presse locale, la Vienne reste un département calme. « La baisse de la délinquance se poursuit », note d’ailleurs la préfète Chantal Castelnot. Le constat est partagé par les forces de police, de gendarmerie et par les élus en charge de la question à Poitiers et Châtellerault. Le bilan présenté la semaine dernière fait apparaître une baisse de 23,5% des atteintes aux biens (cambriolages, vols de voitures, vols en entreprise…) depuis 2019. En revanche, les atteintes à l’intégrité physique des personnes sont en hausse (+13,7%, 3 728 faits). Les violences sexuelles, intrafamiliales et conjugales suivent une tendance ascendante. Nous reviendrons sur ce constat dans un prochain numéro.

En matière de violences physiques, les agressions répétées de chauffeurs de bus ont particulièrement marqué l’actualité. Pas moins de huit en quelques semaines ont donné lieu à des manifestations des premiers concernés qui ont fait jouer leur droit de retrait. Sur ce point, « polices nationale et municipale ont renforcé les opérations de contrôle dans les bus qui se déroulent quotidiennement », précise Eddie Pujol, directeur-adjoint de la Direction départementale de la sécurité publique (DDSP). Autre constat, Poitiers et Châtellerault n’échappent pas au trafic de stupéfiants. Toutefois le nombre d’infractions réprimées a également diminué de 14,3% (1 011 faits en 2021). Reste que les habitants de certains quartiers en sont les premières victimes. Et on a vu s’enchaîner récemment plusieurs attaques au mortier face aux forces de police. « Nous sommes davantage présents et, bien sûr, nous gênons ce type de « commerce » », analyse Eddie Pujol.

« Privatisation 
de l’espace public »

Au-delà des crimes et délits, les petites incivilités quotidiennes nuisent à la qualité de vie, même s’il n’existe pas de chiffres officiels. Toutefois si là aussi leur impact semble plutôt maîtrisé dans la Vienne, les municipalités sont confrontées à des épiphénomènes inexpliqués. « Il existe de plus en plus une volonté de privatisation de l’espace public, assure Amir Mistrih, adjoint en charge de la Sécurité publique à Poitiers. Certains se baladent avec leur enceinte Bluetooth allumée à minuit comme à 3h du matin, des véhicules circulent n’importe où, à tout moment, d’autres se garent où ils veulent, ils sont tout seuls dans la rue. » Ces comportements individualistes justifieraient d’ailleurs, selon l’élu, la modification des règles de circulation dans le faubourg du Pont-Neuf (*).
Pour lutter contre ces incivilités, Poitiers et Châtellerault misent sur « la proximité avec les habitants ». « Les policiers municipaux patrouillent à pied, parlent avec les commerçants, interviennent dans les écoles »,
 explique Thomas Baudin, en charge à la fois de la Prévention, de la Médiation et de la Sécurité à Châtellerault. Il est surtout confronté actuellement à une recrudescence des dépôts sauvages de détritus et à des regroupements d’individus. Le maître-mot ici, c’est la confiance pour 
« recréer du lien social, notamment dans les quartiers ». 
Et la vidéoprotection ? Cette solution n’est écartée par aucune des deux équipes municipales. Châtellerault compte une cinquantaine de caméras, Poitiers vingt-cinq fixes et deux nomades. De quoi ravir Eddie Pujol pour qui la vidéoprotection est un 
« outil extrêmement précieux en termes de prévention et d’investigation ».

(*)Au passage, les aménagements seront présentés lors d’une réunion publique au Confort moderne le 28 février à 18h.

crédit photo : Iboo création

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