On se brosse pourtant bien les dents

Le Regard de la semaine est signé Joan Roch.

Le7.info

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À quoi bon avoir les dents blanches si la sénescence et la morbidité vous tombent dessus des décennies trop tôt ? Se brosser les dents n’est pas une activité follement agréable. Ce n’est pas douloureux, évidemment, les instruments utilisés sont ergonomiques, mais on ne ressent pas vraiment de fierté d’avoir passé deux minutes face à un miroir à se récurer les quenottes matin, midi et soir. Et pourtant, c’est un rituel bien établi, dès le plus jeune âge et on s’y prête volontiers car les bienfaits à long terme sont évidents. Au-delà des dents blanches et de l’haleine fraîche, nous savons tous que c’est de prévention dont il s’agit. En échange de ces quelques minutes, les visites chez le dentiste seront courtes et on se fera même féliciter pour notre hygiène irréprochable.

Alors pourquoi diable sommes-nous collectivement incapables de nous extirper de nos canapés pour bouger, ne serait-ce que quelques dizaines de minutes par jour ? Les statistiques sont pourtant limpides et établies avec certitude depuis plus d’un demi-siècle. Une trentaine de minutes d’activité modérée quotidienne est suffisante pour améliorer vos chances de vieillir, ce qui est bien, mais aussi de vieillir en bonne santé, ce qui est mieux.

Par activité modérée, je ne vous invite certainement pas à me rejoindre sur les sentiers pour un ultramarathon. Ce n’est pas nécessaire d’en faire autant pour profiter des bienfaits multiples de l’exercice sur nos corps, l’équivalent incontesté du dentifrice sur nos dents. Et contrairement à ce face-à-face avec vous-même, une activité de prévention comme la marche peut se faire entre amis, en nature, et le dialogue sera enrichissant, ce qui n’est pas le cas avec un miroir de salle de bain. Bouger seul, ça fonctionne aussi, et se retrouver dehors à trottiner est infiniment plus satisfaisant que de fixer un écran pendant ces mêmes minutes… qui ne reviendront pas.

Bref, vous savez quoi faire. Vous savez pourquoi. Et vous avez peut-être déjà entendu qu’il n’est jamais trop tard pour s’y mettre. Une demi-heure, cinq jours par semaine, et vous diminuez de 25 à 50% vos risques de mourir, comparativement à votre vie inactive d’avant. Certains marqueurs de sénescence sont même réversibles, ce qui signifie que vous pouvez biologiquement rajeunir (pendant un certain temps). Et les mécanismes à l’œuvre aident aussi à éviter ou combattre l’obésité, le diabète, la dépression, l’arthrose, etc. Là, pour le coup, la liste est aussi longue que les courses que j’affectionne. Vous vous brossez les dents ? J’en suis fort aise. Eh bien courez maintenant !

CV express
Ultramarathonien, auteur, photographe, conférencier et journaliste surson temps libre, également développeur informatique les jours de semaine. Originaire de Poitiers, installé au Québec depuis 1997, propriétaire d’une maison bicentenaire tout en bois à côté de Montréal -grange incluse- et père de trois enfants.

J’aime : la lumière, courir sur la glace du fleuve Saint-Laurent, l’imprévu, faire mon pain.

Je n’aime pas : les plans qui se déroulent sans accroc.

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